Le prix du sucre sur les marchés à terme a rebondi, cette semaine, tiré par des problèmes logistiques au Brésil. Mais c'est bien une situation excédentaire qui se profile jusqu'en 2013-14.
Les cours du sucre ont rebondi cette semaine, après avoir glissé, à la fin de mai, à leurs plus bas niveaux depuis l'été de 2010 à New York, dans un marché tiré vers le haut par des problèmes d'acheminement au Brésil, premier exportateur mondial, en raison de pluies abondantes dans le pays. Sur le marché à terme américain, la livre de sucre brut pour livraison en juillet cotait 19,83 cents le 8 juin, contre 19,27 cents sept jours auparavant.
Le cours du sucre raffiné « profite de la forte demande de la part des pays arabes à l'approche du mois du Ramadan qui commence cette année le 20 juillet », et qui s'accompagne d'une consommation accrue de nourriture sucrée après le jeûne de la journée, observe Commerzbank. Sur le marché à terme de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en août valait 572,20 dollars le 8 juin, contre 554 dollars le vendredi précédent.
L'Organisation sucrière internationale (ISO) a de nouveau révisé à la hausse, en mai, son estimation de la production mondiale pour 2011-12 : à 173,8 millions de tonnes (Mt) contre 173 Mt prévu en février. En parallèle, la consommation mondiale est ajustée à la baisse, à 167,3 Mt (contre 167,8 Mt en février). L'excédent mondial de sucre pourrait ainsi atteindre 6,5 Mt, « ce qui permettra aux stocks mondiaux, historiquement bas, de se redresser légèrement », commente FranceAgriMer dans un communiqué diffusé vendredi.
Selon l'ISO, la campagne en cours marque l'entrée dans une nouvelle phase d'excédents en 2012-13 et 2013-14. Selon ses projections, la production mondiale des prochaines années pourrait se maintenir, voire augmenter légèrement, notamment au Brésil. Si cette hypothèse se vérifie, elle permettrait de couvrir une consommation dont le rythme annuel de croissance est évalué par l'ISO à 2,1 %.
De son côté, Rabobank insiste sur la production record de sucre enregistrée en 2010-11 en Thaïlande, qui atteindrait finalement 9,5 Mt (dont 6,6 Mt exportées), et non 6,7 Mt comme prévu en novembre dernier. Du coup, l'excédent attendu sur le marché mondial, initialement prévu à moins de 1 Mt, a dû approcher 3 Mt. En 2011-12, les surfaces de canne récoltées en Thaïlande seraient en hausse de 5 %.
Dans ce contexte, analyse FranceAgriMer, les cours mondiaux du sucre ont fortement baissé en avril et mai 2012, confirmant la tendance observée dès septembre 2011, en dépit d'un redressement passager de janvier à mars 2012. Le sucre roux a perdu 20 % de sa valeur depuis le 1er avril, à 421 $/t. Le sucre blanc enregistre un recul plus limité de 15 %, à 554 $/t, en raison d'une demande plus soutenue en cette période de pré-Ramadan (la baisse de l'euro face au dollar a compensé la baisse des prix en dollars intervenue depuis mars).
Au cours de la campagne 2012-13, les surfaces betteravières devraient rester globalement stables dans l'Union européenne, en très léger recul en France. À ce stade, les semis hexagonaux sont estimés à 385.500 ha, en retrait de 5.000 hectares par rapport à 2011. Si les semis ont été plutôt précoces et réalisés dans de bonnes conditions, les conditions froides et pluvieuses du mois d'avril n'ont pas favorisé un démarrage de la végétation aussi rapide que les années précédentes, observe FranceAgriMer.