Alors que la réforme de la Pac dans le secteur du tabac engendre des résultats catastrophiques pour les zones rurales concernées, notamment en Grèce où l’option du découplage total a été appliquée, la commissaire à l’Agriculture refuse de revoir sa copie, a indiqué la Fédération européenne des planteurs de tabac (Unitab), jeudi dans un communiqué.
Rencontrée à Bruxelles le 7 avril dernier, Mariann Fischer Boel n’a pas compris que les conséquences sociales du découplage total dans le secteur du tabac n’avaient pas été correctement anticipées, poursuit-elle.
«En Grèce, sans alternative économique et agronomique crédible, les exploitations qui abandonnent la culture (29.000 chefs d’exploitation) sont livrées à elles-mêmes. Les saisonniers et les usines de première transformation (20 usines) sont les premiers touchés. Pour l’ensemble de la filière, l’accompagnement économique et social est pour l’heure inexistant. Du côté de la consommation, aucun résultat tangible n’a été enregistré, si ce n’est une augmentation des approvisionnements hors Union européenne, au profit de tabacs parfois de moindre qualité», dénonce la fédération qui craint qu'en 2010, la moitié des subventions aux tabaculteurs sera supprimée.
Constatant l'absence d'alternative viable et d'une politique d'accompagnement social crédible, l’Unitab a décidé de lancer une grande campagne de sensibilisation pour rappeler que, derrière une réforme d'affichage qui n'aura aucun impact sur la santé publique, c'est l'avenir de dizaines de milliers d'hommes et de femmes qui est en jeu, dans l'agriculture et la première transformation.
Selon Hermann Pfanger, son président, «il s’agit d’un combat qui nous concerne tous, pour la dignité des agriculteurs issus des petites exploitations, la vie de nos campagnes et contre l'absurdité de certains choix technocratiques, déconnectés des réalités du terrain».
Dans toute l’Europe, plusieurs actions locales vont être menées dans les prochaines semaines, à commencer par une grande manifestation des tabaculteurs grecs ce 17 avril à Athènes. En juin, une journée d’action verra s’exprimer l’ensemble des exploitants et salariés concernés.