Le Groupe monde rural s'est réuni pour débattre de la taxe carbone, mardi, à Paris. Cette taxe a été annulée par le Conseil constitutionnel mais la loi devrait être réécrite avant juillet. Le représentant de la Fondation Hulot ayant dû se décommander, la taxe carbone n'a pas trouvé de défenseur au sein du Groupe monde rural.
Selon Jacques Genest, maire de Courcouron, la concentration des services dans les villes moyennes oblige les habitants des cantons ruraux à sillonner la campagne au volant de leur voiture en toute occasion : approvisionnement, visite médicale, administration, banques, etc.
Eric Février vétérinaire dans le Cantal, a révélé rouler au moins 40.000 kilomètres chaque année au volant de son indispensable 4x4. « Les professions de santé par définition sont le cœur de cible de cette taxe, car elles sont non délocalisables et emploient peu. Cette taxe est un moyen supplémentaire de déménagement du territoire », a-t-il estimé.
Quant à la spécialiste de la FNSEA , Capucine Chamoux, elle a rappelé que sa structure syndicale espérait que l'on tienne compte de la capacité de l'agriculture à capter et à stocker le CO2 dans le nouveau texte.
Mais les participants au débat craignent la rédaction de cette loi qui se voudra « irréprochable » aux yeux du Conseil constitutionnel : le législateur sera encore plus exigeant, selon Jacques Genest. « Et cela va devenir une incitation à venir vivre dans le monde urbain. En rural profond, la taxe ne peut pas changer les habitudes car il n'y a pas d'autres solutions. Sauf à monter à cheval pour voir le médecin. La France qui lave plus blanc que blanc aurait dû attendre (sans doute longtemps) que l'Europe adopte à l'unanimité ce genre de taxe ».
En conclusion, cette taxe aura été jugée « inégalitaire », « inefficace », « sans effet incitatif », « avec des effets collatéraux mal évalués ». Les débatteurs auraient préférer une petite augmentation de la TIPP ou mieux une incitation aux initiatives locales pour les économies d'énergie.