Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a annoncé, vendredi, à La Rochelle que les agriculteurs dont les terres sont sinistrées après le passage de la tempête Xynthia à la fin de février 2010 recevraient les premières aides à partir de la semaine prochaine.
Ce premier volet d'aides devrait s'élever à environ de 5.000 à 6.000 euros par exploitation, a indiqué, lors d'un point de presse, le ministre, qui rencontrait des professionnels en Charente-Maritime puis en Vendée.
Un deuxième volet d'aides, dans un dispositif européen, qui doit représenter quelque 30 millions d'euros, pourrait quant à lui être débloqué d'ici à la fin de juin, a-t-il précisé.
« Je suis venu dire au monde agricole que les aides qui avaient été promises il y a maintenant plusieurs semaines allaient être débloquées dès la semaine prochaine pour le volet des aides nationales. Je regrette le temps que ça a pris, je suis venu le dire aux agriculteurs », a affirmé Bruno Le Maire.
Ces aides concernent « l'allègement des intérêts d'emprunts, la prise en charge des cotisations MSA et les aides dues au titre du Fonds national de calamités agricoles. Pour une exploitation moyenne, cela représentera environ de 5.000 à 6.000 euros de trésorerie qui arriveront directement », a-t-il expliqué.
Concernant le dispositif européen, « le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, m'a indiqué que le plan que nous avions présenté était tout à fait acceptable, et donc nous devrions avoir le feu vert de la Commission européenne officiellement avant la fin de juin », a précisé le ministre.
« Dès que j'aurai le feu vert, je pourrai débloquer les aides correspondantes qui représentent environ 30 millions d'euros, c'est une somme importante qui permettra de financer deux choses : d'une part, le gypsage (désalinisation) des terres qui est indispensable pour remettre les terres qui ont été submergées en état et, d'autre part, financer les pertes sur les récoltes futures. »
Bruno Le Maire s'est ensuite rendu à Puyravault, en Vendée, dans l'exploitation de François Guinot, un agriculteur dont 90 des 112 hectares ont été recouverts par les flots pendant huit jours après la tempête.
« Mon père a travaillé sur cette ferme, ça a demandé 30 ans d'une vie pour faire ça, moi ça fait 13 ans que j'ai repris et voir ça... », a commenté, amer, François Guinot, devant un champ de tournesol sinistré. Les plantes, qui devraient atteindre un mètre, mesurent au mieux 10 cm, peinant à pousser dans une terre saturée de sel.
Sa sœur Laurence, qui s'occupe des comptes de l'exploitation, a chiffré à « 57.000 euros » la perte de chiffre d'affaires en 2010 liée à la tempête.
A cette somme s'ajoute, selon elle, 10.000 euros de pertes liées aux franchises et décotes dans le cadre du remboursement par les assurances et les 45 % du coût du gypse restant à la charge de l'exploitation, soit environ 10.000 euros. L'Etat prend en charge les 55 % restants.
La FRSEA a contracté un emprunt de 1,5 million d'euros pour avancer le gypse aux agriculteurs de la Vendée, une somme que ceux-ci devront rembourser d'ici au 15 décembre 2010.
« Nous savions que l'Etat allait mettre du temps, et on ne pouvait pas attendre car la fenêtre de tir pour l'épandage du gypse c'est août », a expliqué Joël Limouzin, responsable de la FRSEA des Pays de la Loire.
Au début de mars, quelques jours après la tempête Xynthia, les premières estimations faisaient état de plus de 52.000 hectares noyées sous l'eau salée en Vendée et en Charente-Maritime.
Notre dossier :
• Tempête Xynthia : l'heure des comptes