Nicolas Sarkozy a dévoilé mardi une série de mesures en faveur du désenclavement économique des territoires ruraux, notamment pour y améliorer la mobilité, l'accès aux soins de proximité et à l'internet haut-débit ou la défense des commerces locaux.
Lors d'un déplacement dans le Loir-et-Cher, le chef de l'Etat a présenté les grandes lignes de la « nouvelle économie de la ruralité » qu'il souhaitait mettre en place, en conclusion des assises des territoires ruraux lancés en octobre par le ministre de l'Aménagement du territoire Michel Mercier.
Cette nouvelle économie « n'est pas dans un système passéiste qui n'a fait qu'accumuler les administrations », a souligné Nicolas Sarkozy.
En matière de mobilité, il a estimé nécessaire de « compléter l'effort massif » réalisé sur les transports en commun en zone urbaine par « un soutien à toutes les initiatives innovantes de transport individuel écologique en zone rurale ». « Je ne veux pas qu'on culpabilise la France rurale en lui disant " vous polluez quand vous vous déplacez " », a-t-il dit.
Nicolas Sarkozy s'est ainsi prononcé pour « le développement du covoiturage et du transport à la demande » et a demandé au gouvernement de lui présenter pour juin « une solution pérenne pour assurer l'équilibre économique » des lignes ferroviaires de type Corail.
Sur la santé, il a souhaité que « chacun puisse avoir accès à une santé de proximité ». Pour cela, il a annoncé que l'Etat allait réserver chaque année « 400 bourses à des étudiants en médecine qui s'engageront pendant au moins dix ans à exercer » en zone rurale, jusqu'à un total de 4.000.
Il a également indiqué que l'Etat et l'assurance-maladie participeraient « au financement de 250 maisons de santé en trois ans », afin de doubler leur nombre.
Nicolas Sarkozy a par ailleurs répété sa volonté d'offrir l'accès à l'internet à très haut débit à 100 % des Français en 2025, avec un objectif intermédiaire de 70 % des foyers servis en 2020.
Pour assurer l'avenir des commerces et de l'artisanat de proximité, il a enfin souhaité la mise en place d'un système qui « prime celui qui trouve un successeur pour son entreprise ».
Le Parti socialiste a estimé dans un communiqué mardi que le discours prononcé par le président de la République dans le Loir-et-Cher était « affligeant » et que le Chef de l’Etat n'a répondu « en rien aux attentes des millions de Français vivant à la campagne », dans les territoires ruraux.
« M. Sarkozy vient parler de la ruralité sans rencontrer les paysans (...), c'est un peu anormal » Plusieurs centaines d'agriculteurs de toute la région Centre ont manifesté mardi matin à l'occasion du déplacement de Nicolas Sarkozy dans le Loir-et-Cher, en marge de la clôture des assises des territoires ruraux. Environ 500 agriculteurs de la FDSEA, UDSEA et JA du Loir-et-Cher, de l'Eure-et-Loir, du Loiret, de l'Indre-et-Loire, de l'Indre, du Cher (les six départements de la région Centre), et de la Sarthe, ont effectué des barrages filtrants sur quatre points « de passage obligé des invités ». « M. Sarkozy vient parler de la ruralité sans rencontrer les paysans, une des composantes essentielles, en plein désarroi, c'est un peu anormal », s'étonne Jean-François Gaudin, ancien président de la FDSEA du Loir-et-Cher. Sur la N.10, au sud de Morée, où le président de la République devait faire un discours, ils étaient mardi matin une centaine d'agriculteurs du Loir-et-Cher, de l'Indre-et-Loire et de la Sarthe. Dans le froid et parfois la neige, avec l'aide de tracteurs, ils ralentissent la circulation et distribuent des tracts. La même opération se déroule au même moment sur les trois autres sites autour de Morée. Des lâchers de ballons sur lesquels était accroché un message des agriculteurs ont également eu lieu. « On aurait aimé avoir une entrevue avec M. Sarkozy. L'agriculture est au fond du trou. La situation est dramatique », souligne l'ancien responsable. « On en a marre des promesses. Il faut qu'il passe aux actes », lance Patrice Norguet, agriculteur à quelques kilomètres de là. « Le président doit prendre conscience de la gravité du problème. Il faut du concret avec une vraie politique agricole », demande-t-il. Les agriculteurs ont levé les barrages filtrants vers 13h00 après le départ de Nicolas Sarkozy, qui entre-temps, est passé par un point poste multiservices, a visité une entreprise de nettoyage industriel, s'est arrêté à une maison de santé pluridisciplinaire à Mondoubleau avant de conclure son périple par un discours à Morée. |
Selon le P.S. Nicolas Sarkozy a repoussé « aux calendes grecques un hypothétique plan d’ensemble pour les zones rurales ». Hors sujet, crie le parti d'opposition, qui reproche au Président de s'être égaré dans la défense « pêle-mêle » de la réforme des collectivités territoriales, de la privatisation de la poste, ou de la suppression de la taxe professionnelle.
Nicolas Sarkozy n'était pas là pour les territoires ruraux, dit en somme le PS, mais « il s’agissait pour Nicolas Sarkozy de battre le rappel (en région Centre) avant les élections régionales en apportant son soutien à Hervé Novelli ».
Le Chef de l'Etat confond « campagne électorale et avenir des campagnes françaises », se scandalise le PS.
« Par son comportement, son refus du dialogue, ses promesses non tenues et son entêtement à défendre l’indéfendable, le président de la République s’éloigne définitivement des préoccupations des élus et des habitants des zones rurales », regrette le PS.