Le Parlement européen a adopté mardi le budget de l'UE pour 2014-2020, raboté pour la première fois par rapport au précédent cadre pluriannuel, épilogue de longues et difficiles négociations au sein de l'Union.
Le texte a été voté à une large majorité de 537 voix – sur les 682 eurodéputés présents – émanant de la droite et des socialistes. Il prévoit 908 milliards d'euros en crédits de paiement et 960 milliards en crédits d'engagement, soit respectivement 3,7 % et 3,5 % de moins que pour le budget 2007-2013. Les Verts et la gauche radicale se sont prononcés en sa défaveur.
Les institutions européennes s'étaient entendues depuis juin sur ce cadre budgétaire, à l'issue de pourparlers entamés en 2011. Mais le Parlement européen avait suspendu son feu vert final à une série de conditions, dont le versement par les Etats de 11,2 milliards d'euros supplémentaires pour clore les comptes de 2013.
Le nouveau cadre financier pluriannuel (CFP) consacre un effort en faveur de l'emploi et de la formation des jeunes, avec la création d'une « Garantie jeunesse » dotée de 6 milliards d'euros dès la première année, a souligné le rapporteur socialiste, Ivailo Kalfin, tout en estimant que cela n'est pas suffisant pour que ce budget « soit un instrument de croissance ».
« Malheureusement, nous ne sommes pas arrivés à créer un instrument de croissance pour faire face aux économies » imposées par l'austérité, a renchéri le conservateur Jean-Luc Dehaene.
Mais il s'est félicité que le Parlement ait pu imposer aux gouvernements plus de flexibilité dans la gestion des fonds, et une clause de révision en 2016 « pour ne pas lier les mains du prochain Parlement » issu des élections de mai 2014.
« Recul sans précédent »
Cette plus grande souplesse « va nous permettre de gérer le recul sans précédent des montants, avec 40 milliards en moins », a estimé le commissaire européen chargé du Budget, Januz Lewandowski.
« Dès le début de l'année prochaine, l'argent ira à des secteurs clés, notamment de lutte contre le chômage des jeunes », s'est félicitée la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite, qui assure la présidence semestrielle de l'UE.
Comme pour les précédents budgets pluriannuels, le soutien à l'agriculture et la politique de cohésion en faveur des régions les plus défavorisées restent les plus gros postes, avec plus des deux tiers du budget. Ils sont toutefois en recul au profit du soutien à l'innovation, à la recherche et aux infrastructures.
Le compromis finalement trouvé par les institutions « ne tiendra pas sept ans, ni trois ans », a toutefois mis en garde le président de la commission des budgets du Parlement, le français Alain Lamassoure.
Il a réaffirmé la volonté du Parlement de doter l'Union de plus de fonds propres pour contourner l'écueil des rigueurs nationales. Une première réunion du groupe de travail de haut niveau chargé de préparer cette réforme est prévue le 18 décembre. Un accord entre les institutions est recherché d'ici là sur la personnalité appelée à le présider.
Le vote du budget va permettre l'adoption formelle par le Parlement d'ici à jeudi de toute une série de programmes européens, notamment en matière de recherche, de formation des jeunes, et de transport.