La négociation sur le budget pluriannuel de l'UE pour la période 2014-2020 a tourné au dialogue de sourds lundi à Bruxelles entre partisans et opposants d'une réduction, hypothéquant les chances d'accord pour le sommet extraordinaire convoqué les 22 et 23 novembre 2012.
« Beaucoup de questions restent controversées, surtout la réduction de la politique de cohésion et la réduction des aides directes à l'hectare dans la politique agricole commune », a résumé la présidence chypriote à l'issue des interventions des ministres chargés des Affaires européennes.
Les prises de position des 27 ministres et de la Commission ont pris près de trois heures et ont essentiellement été l'occasion de répéter les « lignes rouges » et de dénoncer « les propositions inacceptables ».
L'affrontement a comme toujours opposé les contributeurs nets – Allemagne, France, Royaume-Uni, Suède, Finlande, Pays-Bas, Autriche –, partisans d'une réduction draconienne du futur budget de l'UE pour 2014-2020, aux pays les plus pauvres. Mais les contributeurs nets sont en désaccord sur la manière d'influencer la négociation.
L'Allemagne est la plus radicale. « Toutes les rubriques doivent baisser », a affirmé son représentant, le ministre des Affaires européennes, Michael Link, qui a également signifié « le refus de toute nouvelle taxe européenne ».
« L'Allemagne est le plus gros contributeur net, et nous voulons une répartition des charges plus équitable, ce qui signifie des corrections, y compris sur la ristourne accordée au Royaume-Uni », a-t-il insisté.
La Suède a fait écho à cette demande. « Aucun domaine de dépense ne doit être exonéré d'économies », a soutenu Birgitta Ohlson.
Pas question, a rétorqué le ministre britannique David Lidington. Il s'est toutefois montré moins tranchant que lors de ses déclarations à la presse à son arrivée. « Si nous baissons les dépenses, la conséquence est une réduction de notre rabais », a-t-il déclaré devant ses homologues.
Le Royaume-Uni est en revanche, comme l'Allemagne, catégoriquement opposé à toute nouvelle ressource propre. « Faire des propositions est une perte de temps », a averti M. Lidington.
Le ministre français Bernard Cazeneuve, partisan de ces nouvelles ressources, n'a pas caché sa déception devant cette opposition et un « très fort mécontentement » devant la tournure des débats. « La politique agricole commune ne servira pas de variable d'ajustement », a-t-il affirmé.
L'argument lui a été retourné par les pays bénéficiaires des aides à la cohésion, choqués par la proposition de réduire les soutiens aux régions qui ont comblé une partie de leur retard de développement.
« Le mieux dépenser doit concerner toutes les catégories de dépenses, pas seulement la cohésion », ont insisté les représentants de la Lituanie et de la République tchèque.
L'enveloppe globale du budget de l'UE est fixée sur sept ans et constitue le principal mécanisme de redistribution au sein de l'Union.
La Commission européenne a proposé en juillet un budget pluriannuel de 1.033 milliards d'euros en crédits d'engagement et de 987 milliards en crédits de paiement pour la période 2014-2020 afin de tenir compte de l'adhésion de la Croatie, soit une hausse de près de 5 % par rapport à la période 2007-2013.
Le président de l'UE, Herman Van Rompuy, a convoqué un sommet extraordinaire les 22 et 23 novembre sur le budget européen.
« Différentes tendances s'affrontent et nous avons peu de marge de manœuvre, mais nous allons tenter dans la mesure du possible de trouver un accord pour le sommet extraordinaire », a déclaré Andreas Mavroyiannis au nom de la présidence chypriote.