A un mois d'un sommet crucial pour fixer le prochain budget de l'Union européenne pour la période 2014-2020, le ton monte entre partenaires européens engagés dans des négociations douloureuses pour parvenir à un compromis.
La dernière à taper du poing sur la table a été jeudi le Premier ministre danois, Helle Thorning-Schmidt. Elle a réclamé un rabais pour Copenhague et ne pas avoir à « payer pour les rabais des autres pays riches ». Faute de quoi, elle a, elle aussi, menacé de mettre son veto au projet de budget.
Avant ce coup d'éclat, le Premier ministre britannique, David Cameron avait déjà menacé d'opposer son veto à ce projet de « cadre financier pluriannuel » (CFP), si les intérêts des contribuables britanniques n'étaient pas respectés.
Même le Parlement européen a haussé le ton. « Si Cameron le fait (opposer un veto, ndlr), nous pouvons le faire aussi », a menacé le chef de file des socialistes européens, Hannes Swoboda.
La menace n'est pas vaine. Le Parlement européen dispose bel et bien d'un droit de veto. Il peut dire oui ou non à un accord conclu à l'unanimité des 27 dirigeants européens.
Pour l'instant, la situation semble bloquée. La chancelière allemande, Angela Merkel, a menacé de faire annuler purement et simplement le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement convoqué à Bruxelles les 22 et 23 novembre 2012 si la situation perdure, a annoncé lundi le Financial Times, démenti ensuite par Berlin.
Cependant, malgré les apparences, les Européens travaillent en coulisses pour arriver à un compromis acceptable par tous, même si, comme l'a dit le président français François Hollande, il faudra peut-être « plusieurs nuits » pour y parvenir.
La présidence chypriote de l'UE va soumettre lundi un contre-projet chiffré avec l'objectif de réduire d'au moins 40 milliards d'euros les demandes de la Commission européenne, avec des coupes dans toutes les rubriques.
Actuellement, la feuille de route est la proposition faite par la Commission européenne en juillet. Il s'agit d'un projet de budget de 1.033 milliards d'euros en crédits d'engagement et de 987 milliards en crédits de paiement pour la période 2014-2020, soit une hausse de près de 5 % par rapport à la période 2007-2013.
Cette proposition a été rejetée par sept pays – Royaume-Uni, France, Allemagne, Pays-Bas, Finlande, Suède et Autriche –, les « Amis du dépenser mieux », tous contributeurs nets. Ils demandent que la proposition de la Commission soit rabotée de 150 milliards d'euros au niveau des engagements.
A l'inverse, 14 Etats de l'UE (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Grèce, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Malte, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Espagne) qui se surnomment « les Amis de la cohésion », tous bénéficiaires nets du budget européen, défendent un budget ambitieux, au minimum celui proposé par la Commission européenne.
Le président du conseil européen, Herman Van Rompuy, a pris son bâton de pèlerin pour tenter de ramener les pays de l'UE au « sens du compromis ». Il s'est ainsi rendu jeudi à Londres pour rencontrer David Cameron.
En fait, le Premier ministre britannique a beaucoup à perdre en maintenant une attitude intransigeante, a fait remarquer une source européenne proche du dossier. Sans accord, le prochain budget sera aligné sur celui de 2013 (et même ajusté à la hausse compte tenu de l'inflation).
« Au bout du compte, ce serait effectivement plus onéreux », a souligné M. Van Rompuy à Londres.
L'argent investi dans des projets d'infrastructures dans des pays comme la Hongrie profite aussi à des entreprises du Royaume-Uni, a-t-il ajouté devant les patrons britanniques.