A en croire les dernières prévisions de récolte pour 2009 révélées par la CCVF (coopération viticole) jeudi alors que pratiquement tout le raisin est rentré, la place de premier producteur mondial de vin n'est pas encore acquise.
Les prévisions du ministère au début de septembre annonçaient une vendange de 48 millions d'hectolitres. Les caves avancent une estimation d'octobre à 46,5 Mhl. Au niveau des dernières estimations italiennes pour cette année...
C'est un fait à présent, «le millésime 2009 sera de qualité dans le vignoble français» – à quelques réserves ou craintes locales près –, comme le confirme un communiqué de la CCVF jeudi. «La climatologie favorable de cet été et le travail des vignerons en ont été les principaux artisans», précise-t-elle.
Lors de la présentation de ce millésime à la presse, un oenologue girondin s'est enthousiasmé qu'«en 24 ans de carrière, [il n'avait] pas vu une vendange aussi jolie que 2009».
Il reste, cependant, qu’avec 46,5 Mhl, «cette récolte s’inscrit comme étant largement inférieure à la moyenne quinquennale», relève la CCVF.
Le président de la CCVF, Denis Verdier, a pour l'occasion égratigné les pouvoirs publics en regrettant «qu’ils se trompent systématiquement, en annonçant des vendanges élevées qui se réduisent au fur et à mesure des estimations».
C’est exactement ce qui s’est passé pour la vendange de 2009 qui est «revue, extrêmement, à la baisse, atteignant 46,5 millions d’hectolitres, soit un tout petit peu plus que l’an dernier qui vit sans doute la récolte la plus basse depuis la guerre» (42,8 Mhl, NDLR).
Mais alors d'où vient cette différence avec les données du service de la statistique et de la prospection (SSP) du ministère de l'Agriculture, qui au début de septembre avançait une hausse de la récolte de plus de 10%, à 48 Mhl par rapport à la vendange de 2008?
Denis Verdier a notamment mis en avance la sécheresse sévère qui a sévit «en particulier dans les vignobles méditerranéens».
La Provence, a indiqué Gérard Sanchez, directeur du groupe ICV, à Nîmes, vient de connaître «la troisième plus petite récolte depuis l'après-guerre», à cause de très fortes chaleurs en juillet, ainsi que lors de la deuxième quinzaine d'août. Certains secteurs ont même été privés d'eau, ne voyant pas tomber «la moindre goutte» pendant plus de deux mois.
Si pour la plupart des régions viticoles les estimations de la CCVF d'octobre sont identiques à celles données par le SSP en septembre, le grand Sud-Est accuse une perte de près d'un million d'hectolitres entre les deux relevés.
Sans parler des arrachages définitifs ou dans le cadre de la restructuration du vignoble qui ont grandement affecté le potentiel de production dans le Languedoc-Roussillon. Si on ajoute dans cette région également un déficit hydrique estival important, à la mesure de la chaleur qui a sévi en Provence, la différence avec le dernier relevé du SSP est de près de 800.000 hl.
FranceAgriMer, dont le conseil spécialisé de la filière viticole se déroule le 14 octobre 2009, devrait confirmer ces données qui tempèrent l'optimisme sur la qualité de la récolte.
Le tout est propice à une vive inquiétude sur les données économiques. Avec une récolte de 2009 très faible, des stocks à la production et dans le commerce en baisse de 16%, les producteurs et coopératives veulent parvenir à faire augmenter les prix à la propriété d’au moins 10%.
Car les prix à la consommation augmentent de 4% et ceux de la production baissent de 5%. «C’est presque 10% d’écart», regrette Denis Verdier, qui clame: «Il est grand temps qu’il y ait aussi une surveillance des marges en viticulture.»
Visionnez également l'interview de Denis Verdier , qui explique que la filière veut mettre en place un indicateur de l'évolution probable des prix six mois à l'avance.