Cinq sociétés du secteur agroalimentaire ont été récemment mises en examen pour «tromperie aggravée» dans le cadre d'une enquête sur un trafic présumé de viandes avec un fabricant de corned-beef de Cholet, dans le Maine-et-Loire.
Parmi les mis en examen figurent la société Covi de Cholet, spécialisée dans la transformation des produits carnés, en tant que personne morale, et son directeur, Patrice Bourigault. Quatre de ses fournisseurs, les sociétés Charal, Soviba, Arcadie et Desial, sont également poursuivis en tant que personne morale. Soviba dément avoir livré de la viande «non conforme».
Tous ont été mis en examen pour «tromperie aggravée, mise sur le marché de produits corrompus et mise sur le marché de denrées préjudiciables à la santé» par la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy du pôle de santé publique de Paris, a précisé une source judiciaire.
La magistrate reproche à la société Covi d'avoir mis sur le marché des boîtes de corned-beef confectionnées à partir de chutes de viande avariées achetées, en connaissance de cause, à quatre fournisseurs qui auraient ainsi espéré pouvoir les écouler sur un «second marché», selon une source judiciaire.
Des perquisitions effectuées lors de l'enquête chez ces fournisseurs, notamment chez Charal, ont permis de retrouver des lots de viande avariée prêts à être livrés chez Covi pour la confection de corned-beef, a-t-on ajouté de même source.
«Il ne s'agit pas de viande avariée ou corrompue, mais de viande qui ne correspondait pas à leur destination», avait expliqué en janvier 2007 le directeur général de Charal, Jean Chavel, en précisant qu'il y avait eu «un défaut de composition concernant quelques produits» livrés à Covi.
Dans un communiqué, la société Charal a tenu à préciser jeudi qu'elle manifeste depuis toujours «un engagement fort pour la qualité» en effectuant chaque année «200.000 contrôles bactériologiques et chimiques, ainsi que 2.500 audits externes et internes».
La société Soviba a démenti jeudi avoir livré à Covi des lots de viande «non conformes». «La mise en cause de lots non conformes de la société Charal chez Covi ne concerne en aucun cas la Soviba. Nous réaffirmons qu'à aucun moment Soviba n'a livré de lots non conformes à Covi», affirme l'entreprise dans un communiqué.
«La mise en examen (...) nous permet à présent d'avoir accès au dossier et permettra de disculper rapidement Soviba de ces accusations», ajoute le communiqué de l'entreprise basée au Lion-d'Angers, dans le Maine-et-Loire.
L'affaire avait débuté en 2006 lors de l'un de ces contrôles réalisé à la société Covi. Les services vétérinaires ont découvert un important stock de lot de viandes congelées impropres à la consommation humaine.
Selon une source judiciaire, le directeur de Covi avait déjà été rappelé à l'ordre deux mois auparavant lors d'une précédente inspection vétérinaire.
Par mesure de précaution, environ 650.000 boîtes de corned-beef de cette société ont été rappelées en France en décembre et 550.000 autres consignées en France et dans quatre autres pays européens (Grèce, Grande-Bretagne, Belgique, Irlande) à la suite de ce contrôle.
«La viande ne présente pas de danger pour la consommation humaine. Les risques biologiques sont très faibles parce que le processus de fabrication a stérilisé la viande», avait alors tenu à préciser le procureur de la République d'Angers, Brigitte Angibaud.
La juge Bertella-Geffroy a toutefois demandé une expertise judiciaire pour déterminer l'éventuelle dangerosité de cette viande pour la santé humaine, selon une source judiciaire.