La France agricole : Comment caractériseriez-vous l’année bovine 2007 ?
Jean-Claude Guesdon : Ce devrait être un palier pour la production. Mais je souhaiterais d’abord revenir sur 2006 qui a été marquée par des événements sanitaires. La grippe aviaire a dopé la consommation de viande bovine en Italie, tirant les prix à la hausse partout en Europe. La fièvre aphteuse au Brésil et les problèmes sociaux en Argentine, ont limité les exportations du Mercosur. A l’inverse, la fièvre catarrhale a eu des répercussions négatives en France, tout du moins dans les zones touchées. Ces départements ont servi de bouclier sanitaire. Ils ont souffert en 2006 de prix inférieurs à ceux pratiqués dans le reste du pays, et de difficultés à faire circuler les animaux.
La F.A. : Vous pensez donc que les prix à la production se stabiliseront ?
J.-C. G. : Entre 2005 et 2006, ils ont progressé, en moyenne, de 5 %. Après ces deux bonnes années, il est difficile d’envisager une nouvelle augmentation. Une légère érosion des prix ne serait même pas étonnante. Il n’y a pas non plus de raison de penser à un fort rééquilibrage parce que les fondamentaux restent les mêmes. La viande bovine ne sera abondante ni en France, ni dans l’Union européenne, malgré un léger sursaut de production.
La F.A. : Dans quel pays ?
J.-C. G. : Nous parions que les exportations françaises de broutards vers l’Italie seront en léger repli début 2007, la consommation italienne de viande bovine revenant à la normale. Ces animaux que nous engraisseront, sortiront en fin d’année. Enfin, au Royaume-Uni, tout le potentiel d’animaux de réforme rejoindra le marché cette année, mais cette offre supplémentaire sera absorbée par la demande locale en progression.
La F.A. : Les broutards seront les premiers à faire les frais du rééquilibrage des prix ?
J.-C. G. : Fin 2006 et début 2007, leurs cours ont chuté de façon assez paradoxale puisqu’il n’y avait pas d’offre. Cette dernière s’étoffe aujourd’hui. Le broutard est donc effectivement, le premier touché par le rééquilibrage des prix. Cela pourrait être propice à la relance de l’engraissement en France, les engraisseurs redoutant toujours de vendre des jeunes bovins dans un contexte de baisse alors qu’ils ont payé le maigre cher.