Les enquêteurs sont retournés mercredi chez Spanghero à Castelnaudary (Aude) pour poursuivre le travail de perquisitions et d'auditions commencé la veille dans cette entreprise au cœur du scandale de la viande de cheval, a-t-on appris de source proche de l'enquête.
Depuis mardi, des agents de la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) et des gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP), soutenus par leurs collègues locaux, perquisitionnent les lieux et interrogent des dirigeants, des cadres mais aussi des employés sur la traçabilité de la viande passée chez Spanghero, entreprise d'environ 300 salariés.
La vingtaine d'enquêteurs ne s'intéresse pas à la viande transitant par Spanghero, accusée d'avoir revendu du cheval pour du bœuf à des entreprises fabriquant des plats cuisinés pour de grandes marques ou de grands distributeurs. Ce travail a en effet déjà été effectué au cours de l'enquête administrative et vétérinaire. Ils se penchent surtout sur les documents comptables et les ordinateurs dont ils ont copié les contenus.
Mardi soir, après au moins six heures d'investigations, ils sont ainsi repartis en chargeant des masses volumineuses de documents dans leurs voitures. Ces auditions et cette collecte d'informations devait leur prendre encore une partie de la journée de mercredi. Ensuite, il va leur falloir exploiter les pièces saisies et les procès-verbaux, ce qui devrait prendre plusieurs semaines. Ce n'est qu'après cet important travail que la justice décidera des suites à donner et contre qui, le cas échéant, dans un cadre moins libre que celui dans lequel se sont déroulées les auditions jusqu'alors.
Au-delà des dispositions sanitaires et administratives qu'a imposées cette affaire, le gouvernement et le président François Hollande lui-même ont ouvertement réclamé des sanctions pénales contre les fauteurs d'un scandale qui ne cesse de prendre de l'ampleur. « Ceux qui ont fraudé devront être punis », a dit le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot.
Or, le même gouvernement a clairement désigné Spanghero comme le principal responsable du scandale. Dès le 8 février, la Répression des fraudes était chez Spanghero. Les inspections de la DGCCRF ont révélé un « faisceau d'indices graves, précis et concordants » d'une tromperie à l'échelle européenne, selon le gouvernement.
Selon la Répression des fraudes, Spanghero a triché sur l'étiquetage de la viande et a sciemment revendu du cheval pour du bœuf à des sociétés comme Comigel, fabricant de lasagnes pour Findus. L'agrément de Spanghero a été suspendu pendant quatre jours, mettant au chômage technique 300 salariés toujours inquiets pour l'avenir. Le gouvernement s'est empressé, lundi, de rétablir un agrément partiel permettant à Spanghero de recommencer à produire des plats cuisinés comme les cassoulets et les confits, de la viande tranchée, des steaks hachés, des brochettes et de la charcuterie.
Le négoce de viande à proprement parler reste, lui, frappé de suspension d'agrément. Il ne représentait qu'une part minime du chiffre d'affaires de l'entreprise. Mais les employés ont conscience du tort considérable causé à l'image de l'entreprise et de l'impérieuse nécessité de regagner la confiance des consommateurs et des distributeurs. La production devait donc reprendre tout doucement cette semaine et ne monter en régime qu'en fonction du retour des clients.