La filière française de la viande a déposé, mercredi, une plainte auprès de la Commission européenne, accusant l'Allemagne de dumping social dans ses abattoirs, a indiqué, vendredi, Pierre Halliez, directeur du Syndicat des entreprises françaises des viandes (Sniv-SNCP).
Ce syndicat préside le collectif contre le dumping social en Europe, qui a déposé la plainte, a-t-il précisé, confirmant des informations des Echos.
Il y a « dans les abattoirs allemands un recours massif à de la main-d'œuvre étrangère en provenance plus particulièrement de la Pologne, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Bulgarie, de l'Ukraine, voire de la Russie, à des taux de salaire extrêmement bas », inférieurs à ceux des salariés allemands.
Cette pratique crée « une distorsion de concurrence extrêmement importante sur le marché de la viande et qui favorise les opérateurs allemands », déplore-t-il. La Commission européenne a dit n'avoir pas encore enregistré la plainte à ce jour.
« Nous avons déposé une plainte en manquement d'Etat contre l'Allemagne. On lui reproche de ne pas faire respecter dans ses entreprises la législation allemande, qui elle-même est la transposition du droit européen », a précisé Pierre Halliez.
Le collectif dénonce ainsi « un intérim qui ne dit pas son nom », soulignant que la directive européenne sur l'intérim prévoit que les travailleurs, quelle que soit leur nationalité, soient rémunérés dans les mêmes conditions que les travailleurs nationaux qu'ils remplacent.
« Pour un coût de main-d'œuvre (salaire, charges...) d'une vingtaine d'euros de l'heure en France, on a une équivalence à 7 euros dans ces abattoirs allemands », précise-t-il. Il évoque ainsi certains grands abattoirs « dans lesquels il y a de 80 à 90 % de ces travailleurs venant d'autres pays ».
Il estime la différence de prix induite par cette situation à 5 centimes d'euro par kilogramme de viande de porc et 8 centimes par kilogramme de viande de bœuf.
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