C'est un signal fort que la chancelière allemande, Angela Merkel, vient de donner à une viticulture européenne de qualité en affirmant le 24 mars 2010, lors d'une soirée de gala du salon professionnel Intervitis à Stuttgart, sa volonté de voir maintenus les droits de plantation au sein de l'Union européenne.
Le vin est « un produit unique » que l'on ne peut réduire à un simple aliment, a soutenu la chancelière à Stuttgart. En déclarant que son gouvernement fédéral ferait tout son possible pour obtenir le maintient des droits de plantation, Angela Merkel apporte ainsi un franc soutien au syndicat des vignerons allemands qui tient mordicus au maintien de ce système de régulation de la production de vin dans l'UE.
Mais pas seulement aux vignerons allemands. Les producteurs de vins d'appellation en France, en Espagne, en Italie, au Portugal ou encore en Hongrie, fraîchement réunis au sein d'Efow, la Fédération européenne des producteurs de vins avec appellation d'origine, sont ravis de cette prise de position d'Angela Merkel.
Un signal fort pour maîtriser la production
« La libéralisation des droits de plantation souhaitée par la Commission européenne, et prévue au 1er janvier 2016, représente un danger pour la production de vins de qualité. Plus d’un million d’hectares vont être potentiellement libres à la plantation en Europe. Nous ne pourrons pas maintenir une production de qualité dans ce contexte », martèle Efow.
La chancelière allemande est « le premier chef d’Etat européen à prendre une position officielle sur le maintien des droits de plantation », souligne Efow. Pour Riccardo Ricci Curbastro, président de Efow, c’est « un signal fort envoyé d’un grand pays fondateur de l’Union européenne et de la Pac ».
D'autant que cette annonce d'Angela Merkel « est intervenue en même temps que le premier vote du Parlement européen » en faveur de la maîtrise de la production des produits de qualité au sein de l'Union, souligne le nouveau lobby des producteurs de vins d'origine.
Les producteurs attendent le soutien des autres chefs d'Etat
Cependant, pour Ricardo Ricci Curbastro, « il est étonnant de voir que le premier Etat à se positionner sur le sujet de la maîtrise de la production est l’Allemagne, et non pas l’Italie, la France ou l’Espagne ». Riccardo Ricci Curbastro enfonce le clou : « Nous attendons maintenant des chefs d’Etat européens qu’ils s’engagent et prennent position en faveur d’outils de régulation de la production dans la viticulture. »
« Les députés européens soutiennent la régulation de la production mais la Commission reste silencieuse », déplore Efow.
Propos qui doivent être tempérés, si l'on considère que le député français de la Marne Philippe Martin, proche de la viticulture, affirme que « Monsieur Ciolos [lui] a laissé entendre qu'il soutiendrait le maintien des outils de régulation agricoles dont les droits de plantation », lors d'une entrevue pendant le dernier Salon de l'agriculture à Paris.
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