Le Parlement européen a demandé mercredi à la Commission européenne de revoir tous les aspects clés de son projet de réforme de l'organisation commune de marché du vin (OCM vin), à une semaine d'une réunion décisive des ministres de l'Agriculture de l'UE.
Dans un avis consultatif qui a fait l'objet d'intenses tractations et d'un vote-marathon (350 amendements déposés), les eurodéputés ont rejeté notamment la libéralisation automatique des droits de plantation de vignes prévu en 2014 et demandé le maintien de la pratique de l'ajout de sucre que la Commission souhaite interdire.
Le Parlement européen s'oppose surtout à la libéralisation des droits de plantation pour les vins protégés par des appellations d'origine et des indications géographiques. Quant à la décision de libéraliser les plantations d'autres vins, elle devrait être soumise à une étude d'impact à réaliser d'ici à la fin 2012, estiment les députés européens.
La possibilité d'enrichir en sucre les vins doit par ailleurs être maintenue dans les zones viticoles où elle est «traditionnellement admise», dans «les cas où, en raison des conditions climatiques défavorables, cette pratique est nécessaire», estiment aussi les eurodéputés.
En remplacement des aides actuelles à la distillation de crise que Bruxelles souhaite supprimer malgré l'opposition de la France, le Parlement propose que soit mise en place une aide proportionnelle à la réduction des quantités de vin ou de raisin produites.
Lors du débat mardi devant l'hémicycle, la commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel a prévenu qu'elle n'accepterait pas que le texte soit trop «édulcoré». Elle a estimé qu'un accord est «à portée de main», à l'occasion d'une rencontre à Bruxelles, les 17 et 18 décembre, entre les 27 ministres de l'Agriculture de l'UE.
Michel Barnier a quant à lui affirmé mercredi qu'il ne «lâcherait pas sur le régime actuel des droits de plantation» des vignes dans l'UE dans le cadre de la réforme de l'OCM. «Le report à 2014 de son démantèlement proposé par la Commission est insuffisant. Et son maintien n'a de sens que s'il porte sur l'ensemble de la production, c'est-à-dire sur tous les types de vins, et qu'il concerne tous les pays producteurs», a déclaré le ministre de l'Agriculture, lors d'une session de l'APCA (chambres d'agriculture).