Le Réseau « Cohérence » de défense de l'agriculture durable a réclamé la saisie de la Cour des comptes « afin que soit réalisé un audit financier » du groupe volailler Doux, et appelé à la mise en œuvre « d'un autre modèle de développement agricole ».
« Toutes les leçons doivent être tirées de la situation actuelle du groupe Doux, hier encore présenté comme l'un des fleurons du “modèle agricole breton” », explique le collectif dans un communiqué, en rappelant que le volailler, en redressement judiciaire, « a largement bénéficié de l'argent public grâce aux aides de la Pac ».
Selon le Réseau Cohérence, le total cumulé des aides publiques à l'entreprise Doux se monte à « environ 1 milliard d'euros ».
L'entreprise n'a cependant apporté que « très peu de valeur ajoutée au sein de la filière de production. Ce sont des poulets industriels, de bas de gamme, vendus à bas prix, obtenus avec des importations de soja d'Amérique latine, en concentrant la production en Bretagne et participant ainsi aux pollutions dues aux excédents de déjections animales », regrette le Réseau, qui préconise l'abandon d'importations de soja transgénique utilisées dans l'alimentation animale.
« Les instances régionales se doivent de saisir la Cour des comptes afin que soit réalisé un audit financier, complété d'une analyse de toutes les conséquences économiques et sociales de ce dépôt de bilan », réclame le Réseau Cohérence, qui s'inquiète de l'avenir des « 3.400 salariés, des 800 aviculteurs et de tous les emplois liés à la filière, au total environ 10.000 emplois ».
« Ce n'est qu'à cette condition que la région sera à même d'apporter une contribution éclairée à la mise en œuvre d'un autre modèle de développement agricole », conforme aux critères du développement durable, poursuit le collectif.
« Si le repreneur de Doux poursuit l'activité selon le même modèle de production, certes il sauvera momentanément des emplois, mais il ne fera que prolonger un modèle dépassé, avec des aides publiques à fonds perdus », estime le Réseau.
« Le groupe Doux va mal, mais ce n'est pas toute la filière de la volaille qui est en crise », poursuit-il.
Cohérence souligne ainsi que « d'autres volaillers, qui ont fait d'autres choix, vont mieux », citant « LDC avec en son sein les Volailles de Loué qui font des productions sous label et ne mettent en production que ce qui est vendu ».
Le Réseau Cohérence a été lancé en 1998 par plusieurs associations d'agriculteurs, défenseurs de l'environnement, consommateurs et professionnels de la santé. Parmi les organisations adhérentes, on trouve notamment la Confédération paysanne de l'Ouest et la Frab (Fédération régionale des agrobiologistes de Bretagne).
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