La filière de la volaille veut lutter contre les importations, majoritaires dans la restauration, tout en reconnaissant avoir laissé le champ libre aux entreprises étrangères depuis 30 ans.
Dans la restauration et la vente à emporter (sandwichs surtout), on compte « une quantité phénoménale d'importations que nous avons grand-peine à enrayer », a expliqué Roland Tonarelli, président de l'Association de promotion de la volaille française (APVF), lors d'une conférence de presse mardi.
Les importations de volaille ont augmenté d'environ 15 % entre 2010 et 2014, a-t-il ajouté, citant des chiffres du ministère de l'Agriculture.
Dans la restauration, la proportion de volailles importées approche les 90 %, et les 70 % dans l'industrie, contre seulement 13 % dans les ventes au détail, selon lui.
Le « mea culpa » de la filière
Face à cette situation, M. Tonarelli a présenté le « mea culpa » de la filière, qui a « ouvert grand la porte aux importations » depuis 25-30 ans, en se concentrant sur la grande distribution.
Les entreprises ont délaissé d'autres marchés, comme la restauration, qui avaient « des demandes techniques spécifiques, sur la découpe par exemple », laissant le champ libre aux sociétés étrangères, a-t-il expliqué.
Les abattoirs français ont été principalement axés sur le frais, alors que la restauration demande surtout des produits congelés.
Importations de l'Europe du Nord, du Brésil et de la Thaïlande
Les importations viennent principalement de l'Europe du Nord (Allemagne, Pologne, Pays-Bas), ainsi que du Brésil et de la Thaïlande.
Désormais « beaucoup d'efforts ont été faits. On est capables d'être compétitifs », assure M. Tonarelli.
La priorité pour 2015 est donc « d'interpeller restaurateurs et acheteurs », avec une campagne de communication. Un kit sera distribué aux restaurateurs pour identifier la volaille française dans leurs établissements.
L'étiquetage sur l'origine de la viande
L'étiquetage européen sur l'origine de la viande qui entrera en vigueur le 1er avril est « une réelle avancée » mais pour reconquérir le créneau de l'industrie, « seul l'étiquetage d'origine sur les produits transformés » sera vraiment efficace, souligne M. Tonarelli.
Après le scandale des lasagnes au cheval en 2013, la France avait réclamé une mention d'origine sur les plats transformés mais n'avait pas été suivie à Bruxelles.
La balance commerciale de la volaille est désormais déficitaire, « à cause des difficultés à l'exportation et de l'embargo russe », ce qui n'était pas arrivé depuis des années, a expliqué M. Tonarelli.
Les exportations de volailles françaises ont reculé d'environ 13 % en 2014, en raison notamment de la suppression des subventions européennes à l'exportation, selon les statistiques du ministère de l'Agriculture.
La France est le premier producteur de volailles de l'UE, mais représente seulement 1 % de la production mondiale, selon l'APVF.