Il est possible de concilier l'activité agricole et la gestion des zones humides, ont convenu les chambres d'agriculture et le ministère de l'Ecologie à l'occasion d'un colloque réuni le 4 avril 2014 à Paris.
Dans le cadre de la convention sur les zones humides signée entre le ministère de l'Ecologie et l'APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture) en 2011, dix-huit programmes ont été lancés. Leur but : valoriser le travail accompli localement par les agriculteurs situés dans des milieux sensibles avec leurs différents partenaires (agences de l'eau, collectivités, Ligue pour la protection des oiseaux, etc.), pour prouver que l'activité agricole n'est pas incompatible avec la préservation des zones humides.
Mieux : elle est nécessaire pour « lutter contre l'abandon des terres et l'enfrichement », et permet au contraire de « maintenir les fonctionnalités de ces milieux », souligne Luc Servant, président de la chambre d'agriculture du Poitou-Charentes. A condition bien sûr de savoir relever les quatre défis majeurs qui se présentent aux agriculteurs situés dans ces milieux sensibles :
- rémunérer les agriculteurs,
- créer de la valeur ajoutée,
- entretenir et créer le paysage et la biodiversité,
- transmettre les savoirs et savoir-faire spécifiques liés a ces milieux, alors que le renouvellement des générations est de plus en plus difficile.
Les dix-huit programmes retenus, qui ont bénéficié d'une aide globale du ministère de 50.000 € par an sur trois ans, ont permis d'avancer sur ces thématiques ou de mettre en exergue les résultats déja obtenus dans l'ombre par les acteurs locaux : guide des savoirs, enquêtes technico-économiques, mise en place d'une marque commerciale locale, concours des prairies fleuries, élaboration d'une MAE adaptée aux enjeux zones humides. Mais l'effort doit être poursuivi, voire redoublé, a insisté Luc Servant.
Ces programmes, en attendant, ont atteint leur but premier : montrer qu'il est possible de concilier l'activité agricole et la gestion des zones humides, s'est félicité José Ruiz, sous-directeur des espaces naturels au ministère de l'Ecologie.
« Les enjeux concernant les zones humides sont aujourd'hui partagés par tous, d'ailleurs, progressivement, ces milieux se portent mieux », a-t-il ajouté. Il a indiqué que le ministère projetait de lancer un nouveau plan qui mettra l'accent sur divers aspects de l'agriculture : formation des agriculteurs, étude de la valeur fourragère des prairies humides, réflexion sur le maraîchage...
Pour compléter ce soutien de l'Etat, M. Ruiz a invité les conseils régionaux et les chambres d'agriculture régionales a avoir en tête le dossier des zones humides pour ne pas les oublier dans la préparation des programmes de développement rural, en cours d'élaboration.