Le Brésil a demandé jeudi aux pays riches d'ouvrir leurs marchés aux biocarburants des pays pauvres, lors d'une conférence internationale à São Paulo. «Pour que les biocarburants soient une option viable pour les pays les plus pauvres, il est essentiel d'ouvrir les marchés pour qu'ils puissent être commercialisés», a déclaré le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim.
Il a fait valoir qu'il «était nécessaire et urgent que les pays riches soient disposés à éliminer les deux principaux obstacles du secteur: la pratique des subventions agricoles et l'imposition de barrières commerciales prohibitives, douanières et non douanières».
Le commissaire européen à l'Energie, Andris Piebalgs, avait affirmé mercredi à cette conférence que la nouvelle directive de l'Union européenne sur les sources renouvelables d'énergie ne fonctionnait pas comme une barrière non douanière à l'entrée de l'éthanol brésilien.
«Quand la directive a été présentée, on a prévu qu'elle ne serait pas remise en question au sein de l'OMC et son esprit était d'éviter des frictions dans le commerce international», a déclaré M. Piebalgs.
La Commission européenne a élaboré en janvier un texte de proposition pour une directive de l'UE sur des «sources renouvelables d'énergie» pour arriver, d'ici à 2020, à faire en sorte que 20% de l'énergie consommée sur le continent proviennent de sources renouvelables.
La directive établit également que les biocarburants utilisés en Europe devront diminuer d'au moins 35% les émissions de gaz à effets de serre. D'après M. Piebalgs, qui visitera une usine à São Paulo, «l'éthanol brésilien respectera largement cette exigence».
La taxe européenne à l'éthanol brésilien est de 19 centimes d'euro par litre, soit «beaucoup plus importante que les 51 centimes de dollar par galon que les Etats-Unis lui appliquent», a déclaré de son côté le président de l'Union des industries de la canne à sucre du Brésil (Unica), Marcos Jank.
«Mais il y a des pays qui ouvrent des exceptions et facilitent l'entrée de notre éthanol, principalement la Suède», a-t-il ajouté.
Après trois jours de discussions entre experts, la première Conférence internationale sur les biocarburants se poursuivait jeudi au niveau ministériel. Le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, devait conclure les débats vendredi.
En organisant cette conférence, le Brésil – premier exportateur mondial et deuxième producteur mondial – a tenté de promouvoir ses biocarburants produits à partir de la canne à sucre, alors que de nombreux pays et organisations accusent ces cultures extensives d'être en partie responsables de la crise alimentaire.