Le ministre de l'Agriculture Michel Barnier a présenté jeudi devant le Conseil des ministres les grandes lignes d'un futur plan quinquennal de modernisation de la viticulture comprenant vingt-sept mesures, a rapporté le porte-parole du gouvernement Luc Chatel.
Ce plan est destiné à doper la compétitivité sur le marché international d'un secteur qui «souffre d'un certain nombre de difficultés, de contraintes, de freins», selon M. Chatel.
Il prévoit notamment un «allègement des procédures administratives» imposées aux exploitations viticoles, qui représentent un quart des exploitations agricoles françaises, ainsi qu'une «clarification de la segmentation de l'offre avec trois niveaux» contre quatre actuellement, a-t-il ajouté.
Les catégories "vin de table", "vin de pays", "vin de qualité supérieure (VDQS)" et "appellation d'origine contrôlée (AOC)" y disparaissent au profit de celles d'"AOC", de "vin avec indication géographique" et de "vin sans indication géographique".
Dans sa communication, Michel Barnier a également présenté des mesures prévoyant une «plus grande responsabilisation des acteurs» de la filière ainsi qu'une «restructuration des entreprises de vinification et de commercialisation», selon le porte-parole du gouvernement.
«La mise en oeuvre de ce plan (...) doit permettre tout à la fois de regagner des parts de marché à l'exportation et de mieux valoriser les vins français sur le marché mondial», selon le communiqué du Conseil des ministres.
Premier pays exportateur, la France a battu un nouveau record en 2007 avec 9,34 milliards d'euros de recettes – l'équivalent de 180 Airbus – mais celui-ci doit plus au succès du cognac et du champagne qu'aux vins dits «tranquilles».
Le gouvernement vise des exportations de 16 millions d'hectolitres de vin en 2013 contre 13,5 millions en moyenne entre 1990 et 2000.
La France doit également adapter sa législation à la suite de la nouvelle OCM (organisation commune de marché) qui entre en application le 1er juillet et qui prévoit notamment un programme d'arrachage de 175.000 hectares dans les pays de l'UE et la fin programmée des fonds européens pour la distillation de crise.
Aussi le gouvernement a-t-il décidé un allégement des règles de vinification et des pratiques oenologiques pour permettre aux vins français de se battre à armes égales sur les marchés étrangers avec les vins du Nouveau Monde (USA, Amérique du Sud, Afrique du Sud, Australie).
Pour la catégorie reine, les AOC (appelations d'origine contrôlée) – qui représentent la moitié de la production totale (47,1 millions d'hectolitres en 2007) – il y aura peu de changements, peu d'entre elles devant accepter, lors d'une nouvelle rédaction de leurs règlements internes actuellement en cours, l'autorisation de copeaux de bois dans les cuves modernes pour leur donner un goût boisé.
Deux autres catégories sont créées: les IGP (indications géographiques protégées), qui remplaceront plus ou moins les vins de pays, et les vins sans indication géographique (ex-vins de table).
Cette dernière catégorie pourra indiquer sur les étiquettes les millésimes et les cépages (cabernet, merlot, sauvignon, syrah, chardonnay, etc.), connus des étrangers, qui ignorent en revanche les multiples terroirs français.
Les vins de cette catégorie, qui voient supprimer les limites de rendement à l'hectare de leurs vignes, pourront pratiquer l'enrichissement par moût concentré ou ajouter des tanins et de l'acide sorbique.
Le gouvernement a décidé de créer un groupe de travail pour réfléchir à la place du vin sur l'internet, un média oublié en 1991 par la loi Evin encadrant la publicité sur l'alcool.
Or de nombreux viticulteurs ont créé leurs propres sites pour vanter et vendre en direct leurs vins, sans parler des sites spécialisés.
Une question chère à certains députés de la majorité. Les présidents des groupes d'étude sur la viticulture, Alain Suguenot, député (UMP) de Côte-d'Or, et Gérard César, sénateur (UMP) de Gironde, viennent de demander au premier ministre de «légiférer dans les meilleurs délais».
Ces parlementaires soulignent, dans un communiqué, que «vous pouvez aujourd'hui être condamné simplement pour avoir évoqué le mot vin sur internet puisque ce support n'est pas reconnu comme ceux autorisés à faire de la publicité».