La taxe carbone, rebaptisée «contribution climat-énergie» (CCE) pour avoir moins l'air d'un nouvel impôt, devrait être mise en place dès 2010. Elle s'élèverait à 14 euros par tonne de CO2, soit la moitié de la somme que le comité d'experts, présidé par Michel Rocard, juge nécessaire pour rendre la mesure efficace.

Sur la base de 32 €/t de CO2, les chambres d'agriculture (1) considèrent que l'application de la CCE entraînerait un surcoût du carburant de 5 à 10 €/ha/an en grandes cultures ou encore un surcoût lié à la consommation de propane de 560 à 720 €/an pour un bâtiment avicole de 1.000 m2.

Quel que soit le montant définitif de la taxe, le maraîchage et l'horticulture seraient les secteurs les plus impactés, en particulier du fait de la consommation de gaz chez les serristes.

Année blanche

Or, le gouvernement n'envisage pas d'exonérer l'agriculture de la CCE. En revanche, Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, propose d'étudier des compensations possibles.

Avant toute décision définitive, la Coordination rurale revendique un bilan objectif des émissions de CO2 par l'agriculture: «Elle n'a pas à rougir de son bilan en termes de carbone. Elle est la seule qui fonctionne essentiellement à la photosynthèse, absorbe le CO2 et rejette de l'oxygène, tout en assurant sa fonction vitale de nourrir les hommes.»

Dans un contexte de crise économique, la plus grave que le secteur ait connue depuis des décennies, la FNSEA y est «totalement opposée». Elle réclame au contraire une année blanche en 2009, autrement dit un allègement des charges sociales et financières.

«Nous ne pouvons pas imaginer de taxer lourdement la production agricole et laisser entrer librement des produits concurrents, venus de pays où la taxe carbone ne s'appliquerait pas», estime Jean-Michel Lemétayer.

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(1) Système Rosace (Réseau d'observation des systèmes d'exploitation agricole des chambres d'agriculture).

par Arielle Delest

(publié le 11 septembre 2009)