Publié le jeudi 19 mai 2011 - 17h29
« Quand les sites ont été retenus, une présentation officielle, des échanges locaux et une consultation étaient prévus. Nous, nous l'avons appris par internet », regrette Luc Servant, président de la chambre d'agriculture.
Depuis qu'un projet de parc national est annoncé sur les marais de Brouage ou de Seudre, les agriculteurs ne trouvent leur information que par leurs propres moyens. Ce qui donne libre cours à leurs craintes, dans un contexte où les relations avec l'Etat sont déjà tendues.
Le projet est né du Grenelle de l'environnement et de l'engagement du ministère de l'Ecologie de créer un parc national en zone humide. Cent dix zones ont été étudiées : douze ont été retenues. Au final, il en est resté trois : les marais de Brouage, le val d'Allier, la basse vallée du Doubs.
Dans la Charente-Maritime, c'est la chambre d'agriculture, et non la préfecture, qui a organisé une réunion sur le secteur concerné. Deux cents agriculteurs, en majorité des éleveurs, étaient présents. La chambre a présenté les documents dont elle dispose et a soulevé les aspects qui soulèvent des interrogations.
Le principal est celui du cœur de parc qui « comprend une réserve intégrale, de superficie plus réduite, ayant vocation à préserver un espace de toute activité humaine », selon le site du ministère.
Le problème est que les marais ne sont pas des espaces naturels, mais des espaces artificiellement créés et entretenus par l'homme. « Si cette zone est ce qu'elle est, c'est qu'il y a une activité agricole. C'est elle qui donne aux marais leur spécificité », observe Luc Servant. La supprimer changerait la nature même de la zone.
L'autre problème vient des mauvaises relations des éleveurs du marais avec l'Administration. Depuis 1992, ils ont massivement adhéré aux mesures agri-environnementales successives : OGAF, CTE, CAD, MAE. La cartographie des parcelles sous contrat se superpose à celle du territoire retenu pour le parc national.
Mais depuis plusieurs années, le paiement des aides tarde. Celles de 2010 ne sont toujours pas versées, les contrats signés l'an dernier ne sont pas instruits. Difficile alors de faire confiance à l'Etat.
« Un parc national, ce sont 10.000 ha dans lesquels les agriculteurs ne maîtrisent plus rien, alors qu'il existe déjà un véritable engagement local, ajoute Luc Servant. Pourquoi aller chercher plus loin avec un parc ? »
Des contraintes supplémentaires « Le marais, je l'exploite comme il est. Si on nous ajoute des contraintes supplémentaires sur les dates de pacage, les foins ou les sorties d'animaux, je ne pourrai plus l'exploiter. » Frédéric Gorichon, éleveur à Saint-Just-Luzac, ne se dit pourtant pas opposé à l'idée d'un parc. « Il y des aspects positifs dans un parc, mais il y en a d'autres qui ne sont pas adaptés à notre situation. » L'idée de laisser un cœur de parc à l'état naturel est le point qui lui semble le moins réaliste. « La LPO et le Conservatoire du littoral ont déjà essayé de le faire dans les marais, ajoute l'éleveur. La biodiversité a disparu. On est revenu au pacage... » |
M.G.
Le commentaire d'article est réservé aux abonnés de La France Agricole.
Si vous êtes abonné, identifiez-vous dans le bloc "services experts"
situé en haut à droite de la page.
Si vous voulez vous abonner et profiter de tous les contenus du site ainsi que de l’édition papier de La France Agricole, cliquez sur le lien ci-dessous :
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres