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Article 3 :

Avec un grand troupeau, clarifier le travail

Loïc De Roover est responsable des 90 prim’holsteins de l’exploitation familiale, mais il partage l’astreinte avec ses trois frères.

PARTAGE. Un instant primordial pour Loïc, Pascal, Marc (de gauche à droite sur la photo) et Franck De Roover: le petit déjeuner partagé deux matins par semaine.

UN SEUL SITE. Tous les bâtiments sont réunis sur le même site, pour ne pas perdre de temps dans les déplacements.

 

Quatre bols pour organiser le travail. Les frères De Roover se retrouvent autour de la table deux fois par semaine, le mercredi et le samedi, le temps d’un long petit déjeuner, pour faire le point sur leurs projets et répartir les tâches de l’exploitation. Installés sur 330 ha à Limoise, dans l’Allier, ils produisent 650.000 litres de lait et 12.000 porcs par an. Chacun est responsable d’un atelier: Loïc suit les 90 prim’holsteins; Pascal, assisté par un salarié, s’occupe des 500 truies et des porcs à l’engrais; Franck supervise les 330 ha de cultures aidé par un deuxième salarié; Marc gère la maintenance électronique et la fabrique d’aliments à la ferme.

Malgré la taille de l’exploitation, les quatre frères se libèrent deux week-ends sur trois et prennent à tour de rôle deux semaines de vacances par an. Chaque demi-journée d’absence est comptabilisée. En tout, ce sont 70 jours de repos, dimanches inclus. «Nous avons un principe: le travail d’astreinte peut être délégué, explique Loïc. Nous sommes interchangeables pour presque toutes les tâches. Pour faciliter la relève, on écrit beaucoup sur des tableaux qui restent dans le bureau du Gaec.» Ce bureau-cuisine est au cœur de l’exploitation, entre la stabulation, la porcherie et la fabrique d’aliments. C’est là aussi qu’ont lieu les petits déjeuners de concertation et d’échange.

Sur les six personnes travaillant sur l’exploitation, cinq – les quatre frères et l’un des deux salariés – savent effectuer la traite. Pour l’astreinte du week-end, du samedi midi au dimanche soir, ils se succèdent par binôme. Pour les vacances, le principe est identique. «Dans dix jours, je pars en congé pour une semaine, illustre Loïc. Ce sera à Franck de prendre le relais pour la traite et l’alimentation du troupeau.»

 

Consignes noir sur blanc

Les instructions sont écrites noir sur blanc sur des tableaux: le nombre de vaches à ne pas traire, de mammites à traiter, de veaux dans les niches... Loïc indique aussi la quantité de lait à préparer pour les génisses non sevrées, ainsi que la quantité d’aliments à distribuer pour chaque catégorie d’animaux. «La veille de mes absences, j’entre le nombre de vaches du troupeau dans un tableur. L’ordinateur calcule les quantités totales de la ration mélangée à préparer, à raison de 40 kg brut d’ensilage de maïs, 6 kg d’ensilage de RGI, 3 kg de tourteau de soja, 2 kg de blé, 1 kg de tourteau de colza par vache et de la paille, explique Loïc. J’imprime cette feuille de calcul, je la laisse dans le bureau. Celui qui est d’astreinte la récupère en arrivant le lendemain. Je donne la ration des vaches aux génisses. En 5 à 10 minutes, tout est distribué!»

Les astuces ne manquent pas. Ainsi, une lame est fixée devant le chargeur téléscopique pour repousser la ration. Rapide et facile. Un code couleur pour les bracelets sur les pattes arrière des vaches complète les messages: un bracelet rouge signifie une tarie; deux bracelets rouges signalent une mammite à traiter; un jaune ou un vert en complément précise quel quartier est atteint, l’avant ou l’arrière. Une fiche plastifiée accrochée dans la salle de traite rappelle ce code en cas d’oubli.

 

 

Simple et efficace

«Le travail doit être simple et efficace, mais jusqu’à une certaine limite, tempère Loïc. Par exemple, je n’ai pas opté pour la ration sèche. Je ne voulais pas être dépendant d’un fournisseur. Nous essayons d’acheter le minimum de matières premières.» Quasi toutes les surfaces sont destinées à l’alimentation du cheptel: le maïs grain et ensilage, le blé, l’orge et le colza sont produits sur l’exploitation. Seules les protéines (tourteau de soja et de colza) sont achetées.

«Nous sommes aussi attentifs au confort dans le choix des équipements, ce qui n’est pas incompatible avec la rentabilité», poursuit Loïc. A son installation, en 1990, il a remplacé le libre-service par une ration mélangée distribuée, mieux équilibrée. La production de lait grimpe de 1.500 litres par tête. Il supprime alors 15 vaches et gagne 20 minutes sur la traite. En 2000, il faut changer la salle de traite. Après mûre réflexion, le choix se porte sur une rotative (lire l’encadré).

Même rigueur au quotidien. Il n’y a pas de temps mort dans l’organisation et les tâches sont bien distribuées. La traite commence à 5h30. S’il n’est pas occupé aux cultures, Franck rassemble les vaches, pendant que Loïc entame la traite. Puis l’un fait le paillage pendant que l’autre distribue la ration. Entretemps, Loïc prend son petit déjeuner avec ses enfants. La journée est bouclée à 19 heures au plus tard. Pas de temps mort, les commerciaux prennent rendez-vous à l’avance, les réunions à l’extérieur sont inscrites sur l’agenda. «Tout est planifié, les visites à l’improviste sont impossibles. Mais il faut toujours prévoir un petit créneau de temps libre pour l’imprévu», sourit Loïc.

 

Un roto de 24 postes pour traire seul 90 vaches

«En 2000, il a fallu changer la salle de traite, une 2 × 7 avec décrochage automatique. Cela a été l’occasion de tout remettre à plat. Nous voulions un système confortable avec lequel une seule personne peut traire 90 vaches sans y passer trop de temps. Nous avons hésité entre trois solutions. Une 2 × 10 en traite par l’arrière permettait tout juste de traire seul. Nous avons hésité pour le robot de traite, avant de l’éliminer lui aussi. Nous ne voulions pas courir le risque de pannes imprévisibles ni être dépendants d’intervenants extérieurs. De plus, dans notre zone de faible densité laitière, le dépannage est compliqué. En outre, nous sommes cinq à pouvoir nous relayer à la traite, la contrainte n’est donc pas insurmontable. Nous avons opté pour un roto de 24 postes. Une heure suffit pour traire seul 90 vaches. En revanche, le chien mécanique est indispensable: les vaches entrant une à une dans le manège, il est impossible de sortir de la fosse pour les faire avancer. Nous avons aussi revu les bâtiments: pour éviter le raclage, nous avons supprimé l’aire d’exercice extérieure et installé des caillebotis sous l’aire couverte. J’ai gagné deux heures par jour à la traite et une heure de raclage. A raison de trois heures par jour toute l’année, nous économisons sur quinze ans 16.400 heures de travail! Sans compter les volumes de lisier à épandre en moins. J’évite cinquante voyages avec la tonne. C’est la première fois que nous investissons sur le confort. Malgré le coût de ces travaux (300.000 euros), nous sommes contents d’avoir franchi le pas. Chacun y gagne, surtout pendant son week-end d’astreinte. Et si les quotas disparaissent, nous pourrons facilement augmenter la taille du troupeau en trayant plus longtemps.»

par Elsa Casalegno

(publié le 7 mars 2008)



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