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Article 6 :

Eaux blanches : "Pour les traiter, c'est la simplicité de la cuve unique qui nous a convaincus"

Pour traiter les eaux usées de l'atelier fromager et de la salle de traite, la ferme de Montgay a investi 22 000 euros dans une microstation d'épuration SBR.

Située à une quinzaine de kilomètres au sud de Vienne, la ferme de Montgay transforme 40 % de son quota (520 000 l). Les fromages et yaourts, commercialisés à la ferme et sur les marchés, sont fabriqués toute l'année. Depuis septembre 2003, l'exploitation dispose d'une microstation de traitement biologique. La décision d'investir dans le système à cuve unique SBR a été longuement réfléchie. "Les besoins en capacité de stockage des eaux blanches avaient été quantifiés en 1996-1997 dans le cadre du Dexel, explique Gérard Dutour, associé avec sa soeur Chantal, mais à l'époque, il n'existait pas en Isère de solutions techniques appropriées. Sur l'exploitation, le stockage-épandage ne convenait pas. Cette option exigeait en effet la construction d'une fosse de 300 à 400 m³ et l'achat d'une tonne à lisier plus performante. Le coût et les contraintes d'épandage étaient trop lourds." Les travaux du PMPOA 1, réceptionnés en 1998, s'étaient donc limités à l'agrandissement (de moitié) de la fosse purin-lisier, à la couverture des aires d'exercice raclées, à la séparation des eaux pluviales et à la réalisation d'une fosse de stockage des jus de silo. Alors que le lactosérum était distribué aux soixante-quinze vaches et aux cochons (de vingt à trente-cinq engraissés chaque année), les eaux blanches s'écoulaient en partie dans la fosse à lisier et en partie dans la nature.

 

Installation simple

Cette situation a duré deux ans. Après avoir étudié le système des filtres plantés de roseaux, Gérard Dutour a finalement pris contact avec des éleveurs de Savoie équipés du SBR. "J'ai été séduit. Le traitement des effluents et la décantation se font en même temps dans une cuve unique. Il n'y a pas de bassin tampon. C'est un avantage en termes d'investissement et d'entretien. L'installation SBR est simple. Seul le raccordement de l'armoire électrique nécessite l'intervention d'un professionnel extérieur."

La microstation a été installée en contrebas de la stabulation. Après passage dans un dégrilleur, les eaux issues de la fromagerie et de la salle de traite tombent directement dans une cuve en acier de 40 m³ enterrée. En contact avec des boues activées (1), ces eaux se déchargent et se décantent avant d'être rejetées dans le milieu naturel sous l'action d'une pompe qui se met en route chaque fin de nuit. "A 6 h du matin, l'installation est prête pour le redémarrage de l'activité et d'un nouveau cycle de quatorze heures", précise Gérard.

La station a été dimensionnée pour traiter de 2 000 à 3 700 litres d'effluents. Pour le moment, la cuve (40 m³) ne reçoit que les eaux blanches. "La question de traiter l'ensemble du sérum s'est posée. Cela aurait exigé l'achat d'une cuve bétonnée trois fois plus importante. Or, dans le PMPOA, nous nous étions fixés une enveloppe maximale de 24 400 €. Finalement, la cuve de traitement des eaux blanches a été surdimensionnée, ce qui nous donne de la marge pour traiter une partie du lactosérum. Ce qui sera réalisé à partir d'octobre." La préoccupation de Gérard Dutour est de connaître le pourcentage de petit lait à envoyer pour ne pas dénaturer la cuve. En principe, 200 à 250 litres par jour. L'installation devrait être surveillée pour éviter les problèmes de mousses et de surchage de pollution. A terme, l'éleveur-transformateur entend bien faire reconsommer le lactosérum aux vaches. La distribution du sérum a été stoppée provisoirement pour vérifier si c'est l'une des causes des mammites et des diarrhées connues l'an passé.

 

Mise en route délicate

Après une phase de mise en route un peu délicate, Gérard Dutour s'avoue pleinement satisfait du choix effectué par la ferme. "Au démarrage, nous avons rencontré quelques problèmes (mousses...). A cette époque, l'activité de transformation laitière avait diminué, la cuve s'est révélée trop puissante et la durée d'oxygénation (dix-huit heures) trop longue." L'Inra et les ateliers d'Occitanie (commercialisant le procédé SBR) se sont déplacés à plusieurs reprises pour régler le temps et la puissance d'aération. Aujourd'hui, l'installation fonctionne bien et la qualité des rejets correspond aux attentes. Le fossé où les eaux épurées sont rejetées n'est plus encrassé comme autrefois. Les algues rouges ne se développent plus dans la combe. L'odeur a disparu. L'eau claire à l'exutoire affiche un rendement épuratoire de 99 % pour les principaux paramètres. "Alors que la référence admissible est de 125 mg par litre de DCO (demande chimique en oxygène), ici, on est entre 30 et 70 mg", précise Nicolas Vincent, des Ateliers d'Occitanie. Les contraintes d'entretien de l'installation sont limitées. Le dégrilleur est nettoyé une fois par semaine et lavé au jet une fois par mois. Les boues (produits dépourvus de valeur agronomique) sont soutirées et épandues sur prairies. "Tous les jours, en passant devant l'aire d'attente des vaches, on vérifie que les voyants sont au vert, précise Gérard Dutour. Tous les quinze jours, on mesure la hauteur de boues dans la cuve, en pratiquant éventuellement un prélèvement d'effluent destiné à être analysé." Les données sont communiquées à la DDAF et à l'agence de l'eau. Cette tranquillité d'esprit a un coût : un investissement global de 22 000 € (2) (terrassement, transport et branchement électrique compris), amortissable sur dix ans et subventionné à hauteur de 3 400 € au titre du PMPOA.

_____

(1) Il s'agit de bactéries en suspension auxquelles on fournit de l'oxygène pour qu'elles dégradent la matière organique.

(2) Les coûts de fonctionnement sont, pour l'essentiel, électriques. Chiffrés à 500 € par an, ils pourraient passer à 800 € avec le traitement d'une partie du sérum.

 

L'EXPLOITATION

A Vernioz (Isère)

Gaec à deux associés, avec six salariés dont deux à temps plein

SAU : 140 ha (maïs : 68 ha, prairies : 40 ha)

75 holsteins à 8 400 kg (TB 42, TP 32)

210 000 l transformés

Stabulation paillée avec aire exercice raclée couverte, caillebotis sous l'aire d'attente, s. de traite en épi 2 x 6

 

Le SBR, un procédé Inra

Le système SBR, commercialisé par les Ateliers d'Occitanie (Narbonne) sous licence exclusive Inra, s'appuie sur le procédé d'épuration biologique Sequencing Batch Reactor. Celui-ci est adapté à tous les types d'effluents : eaux blanches et vertes, sérum. "Il convient particulièrement bien aux petits ateliers agroalimentaires", suggère Nicolas Vincent, des Ateliers d'Occitanie. Le système, en revanche, ne se justifie pas économiquement pour traiter uniquement les eaux blanches du bloc traite. "Pour dimensionner l'installation, il est important de définir dès le départ ce que l'on traitera : les eaux blanches et le sérum, ou simplement les eaux blanches."

 

L'avis de l'expert: MARIE-ANNICK DYE, de la chambre d'agriculture de l'Isère

"Le traitement des effluents a un coût"

"Les solutions techniques appropriées au traitement des effluents des exploitations fromagères restent limitées. Les filtres sur pouzzolane génèrent des contraintes d'entretien et présentent des risques de colmatage, voire de blocage du système d'aspersion en zones gélives. Le système SBR est séduisant, en dehors des difficultés liées à mise en route et des contraintes financières. L'écart d'investissement entre système SBR et filtre n'est toutefois pas si important qu'on pourrait le penser. L'autoconstruction prônée dans le système filtre pour réduire les coûts a en effet ses limites, car le chantier se fait souvent au détriment de l'exploitation. Quel que soit le choix réalisé, une évidence s'impose : le traitement des effluents a un coût."

par Marie-Rhé

(publié le 4 d'octobre 2004)



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