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Article 9 :

Un filtre à paille et des lagunes pour éviter l'épandage

Stanislas Delabasle a choisi d'installer un filtre à paille suivi de lagunes pour traiter les effluents de ses cinquante laitières.

"Je ne voulais pas perdre mon temps à épandre de l'eau, lance Stanislas Delabasle, qui conduit 50 normandes à Montreuil-la-Cambe dans l'Orne. Avec mon système de filtre à paille et de lagunes, je gagne quinze jours par an sur l'épandage des effluents."

Son installation se compose d'une fosse toutes eaux de 5 000 litres dans laquelle se déversent les eaux de lavage de la salle de traite et du tank à lait, les jus qui s'écoulent de la fumière et les eaux de ruissellement. Une pompe renvoie ensuite ce mélange vers le filtre à paille. "J'ai dû ajouter cette pompe, car la salle de traite est située en contrebas du filtre à paille. Les effluents ne pouvaient s'écouler de manière gravitaire." Sans le filtre, une fosse de 800 m3 aurait été nécessaire.

 

Un sol imperméable

Les matières grossières y sont piégées et l'effluent liquide filtré est canalisé à l'extérieur du filtre, puis orienté vers les lagunes où un traitement biologique secondaire est effectué. Le passage successif dans les trois bassins permet un abattement évalué à 80 % de la charge azotée et carbonée. Un traitement tertiaire est donc nécessaire. Il consiste à épandre l'effluent traité dans la troisième lagune dans la prairie située à proximité à l'aide d'un tuyau perforé.

"L'installation des lagunes a nécessité une étude approfondie des sols par un pédologue pour vérifier leur imperméabilité. Ils le sont car de type argilolimoneux très compactables ", explique Stanislas. Je n'ai donc pas dû équiper les lagunes de bâches en géomembrane. Cela aurait représenté un coût supplémentaire de 20 000 euros.

L'équipement est un peu gourmand en place, mais il est très simple d'utilisation et ne demande que quelques heures d'entretien tous les ans. "Je dois changer les bottes de paille une fois par an. Je les évacue sur le tas de fumier avec le curage du fond du filtre. J'utilise de la paille de blé ou d'orge que je produis. Après avoir disposé les bottes près du grillage, je coupe les ficelles du bas pour éviter les "jours" trop importants entre les bottes", continue Stanislas. Quant aux lagunes, un simple fauchage des abords suffit à l'entretien, les moutons et les canards font le reste.

 

Pas d'odeur

"Au début de ma réflexion, j'ai envisagé d'installer un asperseur plutôt que des lagunes, mais la surface dont je disposais autour du filtre à paille ne suffisait pas pour l'épandage de l'effluent. J'avais également pensé au bassin tampon de sédimentation pour remplacer le filtre à paille, mais sa mise en place m'aurait coûté beaucoup plus cher", se souvient Stanislas. Ce système me convient parfaitement, car il s'intègre bien dans le paysage, il n'engendre pas d'odeur et surtout, je n'ai pas besoin d'épandre des effluents liquides. Ce qui est aussi un souci dans notre zone vulnérable pour trouver une date idéale.

 

Coût : un faible investissement

"Le filtre à paille avec l'aménagement des lagunes derrière m'est revenu à environ 11 000 euros avec une part d'autoconstruction. La fumière non couverte m'a coûté 28 000 euros. Le tout est un peu surdimensionné pour mon effectif actuel, mais je souhaitais pouvoir augmenter le nombre de vaches ou créer un petit atelier d'engraissement de boeufs. Si j'avais dû construire une fosse de 800 m3 pour remplacer le filtre et les lagunes et la fumière, cela m'aurait coûté 19 000 euros." Cette solution n'était donc même pas intéressante financièrement. Stanislas a simplement dû investir dans une préfosse (fosse toutes eaux) pour 700 euros et une pompe pour 1 600 euros.

 

Choisir une filière appropriée

"L'identification des effluents générés par l'élevage est le point de départ de notre diagnostic", indique Bertrand Deforge, conseiller en bâtiment au GDS-Seth de Laval. Les trois filières ­ filtre planté de roseaux à deux étages, lagunage naturel et décantation suivie d'un épandage sur prairies ­ ne peuvent traiter tous les effluents (voir le tableau).

"Nous interrogeons l'éleveur sur ses envies et son intérêt pour l'une des filières. Puis nous établissons une liste des contraintes de l'exploitation. Elles concernent aussi bien les moyens financiers, le temps disponible que les caractéristiques des sols et du parcellaire", détaille Bertrand.

Pas question de traiter des eaux brunes ou des laits non commercialisables écartés lors de la traite dans un filtre planté de roseaux par exemple.

Du point de vue pratique, les filières comprennent plusieurs phases de traitement.

Le traitement primaire vise à protéger les étapes suivantes de tout risque de dépôt ou de bouchage grâce au piégeage des matières grossières et à effectuer un premier traitement pour réduire les charges d'azote et de phosphore. Il prend la forme d'une fosse toutes eaux dans le cas d'un filtre à sable planté de roseaux, d'un bassin tampon de sédimentation ou d'un filtre à paille dans les filières fondées sur le lagunage ou l'épandage sur prairies.

Le traitement secondaire poursuit l'épuration soit par un épandage sur prairies (voir page 62), soit par un traitement biologique aérobie (filtres plantés de roseaux) ou anaérobie et aérobie comme c'est le cas des lagunes de Stanislas Delabasle. Ainsi, la charge polluante est considérablement diminuée.

Dans le cas des filtres plantés et des lagunes, un traitement tertiaire consiste à épandre le produit épuré sur prairies ou dans un fossé enherbé dans le cas des filtres plantés de roseaux. En aucun cas, le rejet direct dans les eaux de surface n'est accepté.

A télécharger :

Le tableau comparatif des différentes filières (50.41 Ko)

par Marie-France Malterre

(publié le 9 juin 2006)



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