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Article 3 :

Mises aux normes : « Nous ne touchons pas à la tonne à lisier »

Plutôt que de stocker, Eric Perroux et l'EARL Fortin ont fait le choix de traiter les effluents peu chargés. Le coût annuel est faible avec moins de travail.

Un élevage laitier génère des quantités importantes d'effluents peu chargés. Ce sont les eaux blanches et vertes, issues du bloc de traite, les eaux brunes provenant des aires non couvertes et les eaux pluviales de la fumière non couverte. Ces effluents ont une valeur fertilisante faible (de 0,1 à 0,5 kg d'azote par m3), mais les volumes peuvent être importants. D'où l'intérêt de les traiter séparément. On réduit ainsi le coût d'un stockage en fosse et on s'épargne les charges liées à l'épandage. Sans parler du temps de travail nécessaire.

Trois systèmes de traitement ont été évalués et validés en 2004. Ils sont donc finançables dans le cadre du PMPOA. Il s'agit de l'épandage sur prairie (y compris en période hivernale), du lagunage naturel et des filtres plantés de roseaux. Toutefois, ce dernier n'autorise que le traitement des eaux blanches et vertes de la salle de traite (voir le tableau « Trois traitements pour quels effluents »).

Les premières réalisations de ces traitements d'effluents commencent à fonctionner dans le grand Ouest. C'est le cas dans la Sarthe, à l'EARL Fortin et chez Eric Perroux.

 

Epandage sur prairie

Françoise et Joël Fortin ont fait le choix de l'épandage sur prairie. Leur exploitation est en zone vulnérable, donc intégrable au PMPOA 2. Le bâtiment des laitières comporte une aire paillée curée une fois par mois et une aire d'exercice couverte raclée deux fois par jour. Ces effluents sont stockés dans une fumière non couverte. Le diagnostic d'avant-projet a pointé l'absence de collecte des eaux blanches et vertes de la salle de traite et de l'aire d'attente, des eaux brunes provenant des aires découvertes et des lixiviats de la fumière. La solution du tout-stockage nécessitait la construction d'une fosse de 530 m3. Un investissement qui a été estimé à plus de 25 000 € (fosse en béton et terrassement au tarif d’entreprise). Avec 6 ha de prairies proches des bâtiments, au sol favorable à l'épandage en hiver, l'EARL Fortin avait la possibilité de faire autrement. « Je ne voulais pas perdre mon temps à épandre des effluents qui ont peu de valeur fertilisante », explique Joël. Pour le traitement primaire, il a fait le choix du filtre à paille. C'est un système peu coûteux. Cependant, pour un épandage sur prairie, il faut lui ajouter un autre ouvrage pour le stockage.

L'autre possibilité était de faire un bassin tampon de sédimentation (BTS), c'est-à-dire une fosse qui retient les boues. Le BTS peut être dimensionné pour assurer le stockage nécessaire. « Le curage du BTS nécessite d'avoir une tonne et un malaxeur, alors que le filtre à paille se vide avec un épandeur », explique Joël Fortin. En contrebas de la fumière, le filtre à paille reçoit donc les eaux vertes, blanches et brunes et les eaux domestiques de la maison. Son rôle est de piéger les matières grossières avant qu'elles ne passent dans l'élément de stockage. Cela aboutit à un abattement de la charge polluante d'environ 30 % d'azote. Ses dimensions sont calculées pour un an de stockage et pour assurer un rôle de tampon en cas d'orage. Il est curé annuellement, en même temps que le renouvellement des balles de paille. Derrière le filtre à paille, le traitement secondaire est assuré par une fosse en béton de 55 m3. Elle a une capacité de quinze jours de stockage (en tenant compte de la pluie d'orage décennale), de façon à toujours épandre sur un sol ressuyé.

La dernière phase du traitement est l'épandage à basse pression par un asperseur. Il doit respecter l'apport maximal d'azote ammoniacal autorisé du 15 novembre au 15 janvier (20 kg de NH4/ha) et sans dépasser 200 m3/ha. Pour cela, la surface minimale d'épandage est ici de 1,54 ha. Joël utilise un asperseur d'une capacité de 6 m3/h. Le principe est d'épandre le plus fréquemment possible dès que le sol est ressuyé. A chaque bande d'épandage, il faut déplacer l'asperseur. « C'est l'affaire de quelques minutes », assure Joël.

 

Trois lagunes

Eric perroux a, lui aussi, un traitement primaire par filtre à paille. Ensuite, ce sont trois lagunes qui assurent le traitement secondaire avant l'épandage sur prairie par un tuyau perforé. « C'est le coût et le gain de temps permis par ce système qui m'ont séduit. Exceptées les lagunes qui doivent être faites par une entreprise agréée, j'ai pu construire moi-même la fumière et le filtre à paille. » L'exploitation n'est pas en zone vulnérable, elle n'a donc bénéficié que des aides du conseil général. Le fumier de couchage (curé une fois par mois) et celui du raclage quotidien sont stockés sur une fumière de 460 m3.

En contrebas, le filtre à paille reçoit tous les effluents brut (sauf les laits non commercialisables stockés à part et épandus immédiatement). Son rôle est de retenir les matières grossières afin de limiter les dépôts dans la première lagune. La surface en eau des trois bassins est déterminée à partir de la charge des effluents à traiter. C'est le principe d'un traitement biologique (par volatisation et nitrification de l'azote et fermentation et oxydation de la charge carbonée). L'objectif est d'obtenir un abattement de 80 % des charges azotées et carbonées et de l'élimination de plus de 99 % des streptocoques et coliformes. L'intérêt du lagunage chez Eric tient également au sol argileux qui a permis d'étanchéifier naturellement les bassins sans qu'il y ait besoin d'investir dans une géomembrane. Ceci n'est possible qu'après l'intervention d'un pédologue et une étude de faisabilité.

En sortie de la troisième lagune, l'effluent est traité par épandage sur une prairie grâce à un tuyau perforé de 60 m. Le besoin en surface est ici de 0,28 ha. Il aurait fallu 2,25 ha en sortie de filtre à paille comme à l'EARL Fortin. Seule contrainte : déplacer le tuyau tous les mois ou tous les 50 mm de pluie. « L'intérêt est qu'il n'y a rien de mécanique. Il n'y a pas non plus d'odeurs. Les interventions sont très limitées. Il faut vider le filtre à paille tous les ans et faucher les abords des lagunes. Seul inconvénient : l'emprise au sol », note Eric.

 

L'EXPLOITATION de l'EARL Fortin

Nogent-le-Bernard (Sarthe)

2 UTH et 78 ha

46 laitières et 45 génisses

Bâtiment : aire paillée + aide d’exercice

Zone vulnérable

L'EXPLOITATION d'Eric Perroux

Jupille (Sarthe)

1 UTH et 120 ha

63 vaches, 58 génisses et 40 jeunes bovins

Bâtiment : aire paillée

Non intégrable au PMPOA 2

par Dominique Grémy

(publié le 2 mars 2006)



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