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Article 2 :

Ration sèche maison: «Je mise sur l'herbe et la fabrication de concentré à la ferme»

Le passage par la ration sèche a permis à Pascal Duboeuf de développer un système original et économe où l’herbe est pleinement valorisée et le travail simplifié.

Sur l’exploitation de Pascal Duboeuf, à Pomeys (Rhône), une ration hivernale constituée d’enrubannage de bonne qualité, de foin et de concentré fermier (de 9 à 14 kg par jour et par vache) s’est substituée au système classique ensilage herbe-maïs. «En 2000, explique l’éleveur des monts du Lyonnais, je faisais le même quota qu’aujourd’hui (180.000 litres) avec des vaches à 7.000 kg et un système intensif. La SAU se répartissait entre 10 hectares de maïs ensilage, 5 hectares de céréales, 10 hectares de prairies de fauche et 5 hectares de pâtures. La sécheresse de 2003 et le stress du mois de mai m’ont convaincu de repenser mon système.» Pascal Duboeuf souhaitait également récupérer de l’indépendance dans le choix des dates de récolte, réalisée en Cuma. Parti avec l’idée de supprimer le maïs et de mettre en place un système herbager plus économe, il avait engagé une démarche pour valoriser la pâture au printemps: 5 hectares de RGA-trèfle blanc avaient été semés. A cette époque, il n’était pas question d’aller vers la ration sèche, réputée très coûteuse. «Néanmoins, sur proposition du commerçant d’aliment, je suis allé visiter deux élevages qui avaient opté pour cette technique, précise Pascal Duboeuf. L’état des animaux en fin d’hiver et leur niveau de production m’ont convaincu d’essayer. Au printemps de 2004, je suis parti sur les granulés du commerce, avec l’idée de fabriquer rapidement mon propre aliment.» Dès le 15 juillet – période où, dans cette région aux sols séchants, on ouvre habituellement les silos –, les laitières sont passées à la ration hivernale constituée de 11 kg de MS de fourrages enrubannés et de foin, ainsi que de 9 kg de concentré par vache et par jour.

Alors qu’en ration sèche classique, la proportion de fourrages distribués (paille ou foin grossier) se limite à 20-30% de la ration totale, Pascal Duboeuf a accordé d’emblée une place plus importante à l’herbe. «Il fallait bien valoriser les stocks, explique-t-il. En 2003, derrière le maïs, beaucoup de RGI avaient été semés pour faire de l’ensilage. Récolter ces nouvelles prairies en foin semblait difficile. Par ailleurs, en misant sur l’ingestion de fourrages de qualité, je pensais limiter la quantité de concentrés distribués, sans baisser les performances.»

 

Des vaches plus calmes

La modification du système alimentaire s’est accompagnée d’une évolution de l’assolement. Ainsi, 11 hectares proches des bâtiments et autrefois cultivés en maïs ont été remis en herbe. A l’automne de 2004, 12 hectares de prairies ont été semés: 4 hectares de trèfle blanc-RGA pour la pâture, 8 hectares de mélange graminées-légumineuses pour la fauche. Depuis 2005, la luzerne est introduite dans les prairies de fauche. Pour l’implanter sur les sols acides (pH 5 à 5,5), il faut chauler, mais on économise en fertilisants: 80 unités d’azote par hectare et par an. Avec la valorisation des engrais de ferme, on doit pouvoir aller plus loin dans la réduction des coûts de fertilisation.

Malgré l’arrêt de l’ensilage maïs, les frais de mécanisation n’ont pas baissé autant que souhaité. «Nous avions des engagements en Cuma, explique Pascal Duboeuf. Il faudra attendre trois, quatre ans pour que ça évolue.» Dans la stabulation, l’une des deux rangées de logettes a été supprimée pour stocker le foin. L’effectif du troupeau est en effet passé de trente à vingt-deux.

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(*) L'enrubannage préfané de première coupe a une valeur comparable à celle d'un ensilage: avec 51% de MS, celui réalisé en mai dernier titre 0,86 UFL par kg de MS, 86 g/kg de PDIE, 105 g de PDIN.

(**) De 25 à 30 ares par VL au printemps.

 

 

Concentré fermier: cinq ingrédients

Dans le concentré fermier de Pascal Duboeuf, les céréales apportent l’énergie sous forme d’amidon rapidement dégradable. Le maïs grain la fournit sous forme d’amidon lent; la pulpe déshydratée, sous forme de cellulose. Outre son pouvoir tampon, la luzerne déshydratée procure l’azote retard. Le tourteau de soja 48 amène l’azote dégradable. En période hivernale, le concentré est équilibré en cellulose, amidon et MAT (3 x 15%). «Avec ces cinq éléments, note Patrice Dubois, directeur du SPEL 69, on a la même qualité nutritionnelle qu’avec les dix-sept éléments incorporés dans les formules du commerce.»

 

 

L'avis de l'expert: PATRICE DUBOIS, directeur du SPEL 69

«Il existe d'autres voies que la ration sèche classique»

«Le système herbager sans maïs mis au point chez Pascal Duboeuf se rapproche de celui des Savoies. Le pâturage est valorisé, le parc fauché est bien exploité. On a une première coupe d’enrubanné, de bonne valeur énergétique et azotée, et une seconde coupe aux fibres longues et appétantes. Le foin fibreux de prairie sécurise la ration. Le foin de type regain apporte énergie et azote. A l’auge, on a donc à la fois du nutritif et du grossier. On adapte les concentrés derrière: le granulé vient en complément de l’herbe. La démarche de Pascal Duboeuf montre qu’il existe d’autres voies que la ration sèche classique pour mettre en place un système sans maïs. Avec des fourrages de qualité distribués en quantités plus importantes que celles préconisées habituellement, on ne déconcentre pas la ration. A Pomeys, si les vaches ont au maximum 14 kg de concentré, les résultats techniques sont là: 9.600 kg par vache de réalisable avec des TP et TB moyens respectifs de 33,5 g/l et 42,7 g/l sur les mois d’hiver. D’un point de vue économique, la marge est équivalente au système classique ensilage herbe-maïs.»

 

 

«En hiver, 0,80 /VL/j d’économie»

«Quand la ration sèche a été introduite chez Pascal Duboeuf, il y avait déjà de la pâture au printemps (5 hectares de RGA-tréfle blanc) et des fourrages récoltés de qualité (enrubanné équivalent à un ensilage de première coupe). Sensible à ses coûts de production, l’éleveur souhaitait récupérer le maximum d’éléments produits sur l’exploitation (céréales). Trois ans après son introduction, le nouveau système d’alimentation remplit les objectifs de l’éleveur: baisse des coûts, réduction des pointes de travail au printemps, valorisation de l’herbe. En fabriquant lui-même son concentré, Pascal Duboeuf réalise une économie journalière de 0,80 € par vache et par jour en période hivernale. En misant sur l’ingestion de fourrages grossiers de qualité (enrubanné), il gagne 4 kg d’aliment par vache et par jour. Ce qui lui permet d’afficher un coût de ration journalière de 2,52 € par vache (ou 81 €/1.000 litres) pour un prix du litre de lait (hors ADL) de 300 €/1.000 l. Outre les économies réalisées, l’éleveur gagne en souplesse. La composition du concentré varie en effet selon la qualité des fourrages. Au printemps, en période de pâture, le tourteau de soja est réduit. Avec un aliment fabriqué à la ferme, faire du sur mesure est plus facile.

par Anne Bréhier

(publié le 2 février 2007)



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