Le président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), Jérôme Bédier, a estimé mardi que la solution des crises agricoles ne résidait pas dans un partage de la valeur ajoutée mais dans une organisation du marché et des filières.
« Engager le débat sur le thème de la valeur ajoutée n'est pas la bonne façon de faire », a-t-il estimé lors de la présentation de ses vœux, au lendemain des déclarations du président Sarkozy sur ce sujet.
« Je veux poser la question de la répartition de la plus-value dans la chaîne de production (...) Les producteurs agricoles doivent en avoir plus par rapport aux distributeurs », avait déclaré lundi Nicolas Sarkozy sur TF1.
« Le monde agricole est dans une grande difficulté », a souligné M. Bédier. « Nous le savons, nous n'y sommes pas indifférents. »
Mais « la valeur ajoutée, elle ne se partage pas », a-t-il insisté. « Les agriculteurs savent bien que leur revenu dépend de l'équilibre de leur propre marché ». « Il faut ôter cette espèce d'illusion qu'il y a un sac d'or enterré (...) et qu'il faut aller se servir », a-t-il poursuivi.
Selon lui, « la bonne manière d'introduire le débat » est de travailler à la « compétitivité et l'organisation des filières alimentaires et agroalimentaires françaises ».
Il a souhaité que « le travail de l'Observatoire des prix et des marges se fasse jusqu'au bout » et s'est dit « favorable » à la « contractualisation entre producteurs et industriels du lait ».
La contractualisation est l'un des points forts de la future loi de modernisation de l'agriculture (LMA) qui prévoit que les relations commerciales entre producteurs et industriels feront désormais l'objet d'un contrat, stipulant les prix et les volumes notamment.
M. Bédier a réitéré deux propositions de son organisation dans le cadre de la LMA. La première prévoit une « indication d'origine » pour les ingrédients qui représentent plus de 50 % des produits agroalimentaires. Il s'est également prononcé pour la possibilité « en temps de crise grave » de fixer un prix minimal.
Dans la distribution, l'année 2009 a été marquée par « une baisse forte des prix », sur fond de forte concurrence entre les enseignes, qui s'est traduite par une diminution sensible des marges opérationnelles, a-t-il souligné.
Pour 2010, « il y a une forte tendance à l'augmentation des cours des matières premières », a-t-il relevé.
Dans ce contexte, les distributeurs sont très vigilants dans le cadre des négociations commerciales en cours avec leurs fournisseurs, de façon à ce qu'elles aboutissent à des prix les plus favorables possible aux consommateurs, a-t-il indiqué.
La FCD ne réclame pas de mesures de relance de la consommation. « Mais nous souhaitons qu'il puisse y avoir une sorte de halte-au-feu » aux taxes et aux prélèvements, a-t-il dit.