La Société des agriculteurs de France (Saf) et l'association Orée (1) ont organisé, le 8 avril 2013 à Paris, une journée « regards croisés sur des enjeux de société » sur le thème « Agriculture urbaine : une agriculture dans et pour les villes ».
« Que les agriculteurs le veuillent ou non, la ville s'occupera d'eux », ironise Serge Bonnefoy, représentant du réseau « Terres en villes ». 58 % de la population mondiale est citadine et ce phénomène va s'accentuer pour franchir le cap des 70 % d'ici à 20 ans. La gouvernance alimentaire des villes préoccupe les urbanistes et les décideurs politiques. L'agriculture urbaine et périurbaine est au centre de cette dynamique. D'autant que les citadins, comme les néo-ruraux, sont de plus en plus préoccupés par le développement durable et la préservation de la nature. « Les tendances actuelles montrent que les citoyens ont besoin de retrouver un lien avec la terre par leur alimentation », estime Markéta Braine-Supkova, présidente de l'International urban food network (IUFN).
Le développement de l'agriculture urbaine suit ce « besoin de vert » des populations citadines. New York, San Francisco, Montréal, Berlin, autant d'endroits où se concrétisent des projets de serres, de petits élevages, de jardins partagés et de ruches sur les toits. Du simple projet pédagogique « pour faire entrer la nature en ville » à un véritable moyen de nourrir les populations locales, l'agriculture urbaine bouleverse le cliché de l'opposition ville-campagne.
L'agglomération de Nantes travaille depuis 1990 avec la chambre d'agriculture pour lutter contre l'étalement urbain et préserver une agriculture au cœur de son agglomération. « Les circuits courts et la valorisation des friches agricoles ont pour objectif d'améliorer le lien urbain-rural et de faire consommer local », explique Dominique Barreau, chef de projet en charge de l'agriculture périurbaine à Nantes métropole.
Pour Xavier Laureau, directeur de la ferme de Gally, « il faut accompagner concrètement les agriculteurs vers des métiers qui correspondent aux sensibilités urbaines ». Il insiste sur le fait que les aides doivent accompagner les investissements et non le fonctionnement, « pour que les exploitations touchent des sources de revenus diverses et qu'elles concilient pédagogie et production ».
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(1) www.oree.org.