Les agents chargés de la protection des consommateurs et de la répression des fraudes étaient en grève, le 21 mars 2013, pour alerter sur leurs difficultés à exercer leurs missions, mises en lumière récemment par l'affaire de la viande de cheval vendue pour du bœuf.
L'Administration avait recensé, à la mi-journée, plus d'un tiers de grévistes (37,92 %) sur l'ensemble du territoire parmi les quelque 3.000 agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et leurs 350 collègues des laboratoires, a indiqué Patrice Rio (CFDT). Emmanuel Paillusson, représentant de Solidaires, premier syndicat parmi les agents, a estimé de son côté que la proportion de grévistes était de l'ordre de 45 %.
Le mouvement de protestation, soutenu par l'ensemble des syndicats représentatifs (Solidaires, CFDT, CGT et FO), vise à dénoncer l'éclatement des services chargés notamment de veiller à la sécurité alimentaire, initié par le précédent gouvernement. Dans le cadre de la RGPP (révision générale des politiques publiques) et de la Réate (réforme administrative et territoriale de l'Etat), les agents de la DGCCRF ont en effet été scindés entre des structures départementales et régionales. Les syndicats dénoncent aussi les suppressions de postes, les effectifs ayant fondu de 15,7 % depuis 2007, soit plus de 500 postes. Ils estiment que ces deux facteurs sont à l'origine d'une « régression sans précédent » de la capacité d'intervention des agents qui s'est traduite, disent-ils, par une baisse de l'activité de 20 % en 2012 par rapport à 2010.
Pour les syndicats, « les résultats de cette politique commencent à apparaître : moins de contrôles, donc plus de fraudes », comme en atteste « l'actualité récente du “chevalgate” ». « Tous les chiffres dont on dispose montrent un effondrement de notre activité. L'affaire du cheval a mis les projecteurs sur l'importance de notre présence dans les entreprises. Dès lors qu'on est moins présent, il y a moins de peur du gendarme et on a ce genre de tromperie économique qui se met en place », a expliqué le représentant de la CFDT.
« On a été coupé en deux, on n'a plus de chaîne de commandement. Dans le cadre de l'affaire du cheval, ça a été tout à fait révélateur puisque les investigations qui auraient dû être menées normalement font partie de notre métier », a renchéri Brigitte Bidault (CGT), faisant valoir que, « dans les départements du Sud-Ouest, comme dans l'Aude où se trouve l'entreprise Spanghero, les agents ne sont que huit et une seule personne s'occupe de l'industrie alimentaire, ce qui est un peu léger ». Selon la CGT, 48 départements comptent moins de 12 agents et 28 moins de 8 agents.
Les agents de la Répression des fraudes ont effectué 739.000 vérifications en 2012 dans 142.000 établissements et 246.000 analyses en laboratoire, relevant 15.700 infractions. En 2007, le nombre de vérifications était de plus d'un million et le nombre d'établissements contrôlés de près de 180.000.
Les syndicats appellent d'ores et déjà les agents à se mobiliser à nouveau en manifestant à Paris le 6 avril.