FranceAgriMer a profité du Salon de l'agriculture pour organiser une conférence le 26 février sur un sujet d'actualité : un comparatif du commerce extérieur de la France et de l'Allemagne sous l'angle... agroalimentaire.
Avec 64 milliards d'euro d'exportations agroalimentaires en 2012, l'Allemagne est passée devant la France (58 milliards) au premier rang des pays européens. Sa progression est forte : en 2000, ses exportations sur ce secteur ne représentaient que 28 milliards d'euros. Les importations agroalimentaires allemandes (77 milliards d'euros) sont toutefois supérieures à celles de la France (46 milliards d'euros). Le solde agroalimentaire de l'Allemagne est donc négatif en 2012 (-12,9 milliards d'euros), contrairement à celui de la France qui atteint 3,5 milliards d'euros (deuxième solde positif après l'aéronautique).
Michel Ferret, chef du service des marchés et des études de filières de FranceAgriMer explique que la réunification de l'Allemagne en 1990 a boosté le potentiel de production agroalimentaire. En effet, la population allemande est soudainement passée de 64 millions d'habitants à 80 millions d'habitants, ce qui a fortement augmenté son marché intérieur et a certainement permis une baisse des coûts unitaires. La réunification a préfiguré l'élargissement vers les Peco (pays d'Europe centrale et orientale) et l'approvisionnement de nouveaux marchés de par la position centrale de l'Allemagne.
Parmi les avantages de compétitivité en faveur de l'agriculture allemande, le spécialiste relève une TVA agricole plus favorable, des procédures administratives plus souples pour la construction des élevages, des équipements modernes (bâtiments d'élevage, filière d'abattage-découpe), une main-d'œuvre à bas coûts en provenance de l'Est, notamment dans les abattoirs et les ateliers de découpe, et une localisation géographique favorable par rapport au bassin européen de consommation.
Cependant, Michel Ferret explique que sur certains points, le modèle allemand présente des faiblesses. En effet, la démographie allemande décline, ce qui a pour conséquence d'affaiblir le marché intérieur. Le spécialiste évoque également la forte dépendance de l'Allemagne vis-à-vis des exportations et son exposition au risque de contraction de la demande mondiale. Il relève également la forte réduction des investissements dans les infrastructures collectives et la difficile transition énergétique du pays (décision d'abandonner la filière nucléaire d'ici à 2022) qui risque de fragiliser l'outil industriel.
Au niveau agricole, le spécialiste pointe du doigt la capacité de réaction de l'Administration face aux crises sanitaires parfois ralenties par le fédéralisme.
A noter que depuis février 2013, la Basse-Saxe est gouvernée par un ministre de l'Agriculture « vert » et deux autres ministres verts sont aux responsabilités dans les Länder de Bade-Wurttemberg et de Rhénanie-Westphalie. Ils souhaitent introduire un salaire minimal légal de 8,5 €/h dans les entreprises de l'agroalimentaire, entre autres dans les abattoirs et entreprises de découpe, et relever les normes en matière de protection des animaux.