« La France doit oser l'expérimentation des grandes fermes, affirme Michel Raison, sénateur de la Haute-Saône (LR). Nous devons accepter tous les types d'exploitation, des plus petites aux plus grosses, et être présents sur tous les marchés, ceux des signes de qualité comme ceux des produits standards », assure l'un des auteurs du rapport sur « la situation du secteur laitier après les quotas ». Adopté jeudi matin en commission des affaires européennes du Sénat, c'est le premier rapport officiel qui défend (sur huit pages) les grandes fermes comme celle des « 1.000 vaches ». Sans nier les difficultés de démarrage de ces grosses exploitations, les deux sénateurs (LR et PS) fustigent les contestations naïves et beaucoup de méconnaissance en matière de bien-être animal ou d'environnement.
« Pourquoi demander si c'est acceptable ou non ? Les règles sanitaires ou environnementales sont les mêmes pour tous ! Cette ferme, c'est comme un gros Gaec avec une autre forme juridique. L'emploi est toujours là, même s'il s'agit de salariés. » Pour Michel Raison, ce type d'exploitation pourrait paradoxalement assurer la mission d'aménagement du territoire que remplissaient les quotas. « Avec la fin des quotas, certaines régions en marge du croissant laitier sont très fragiles. Les exploitations ferment, faute de repreneurs, et la spirale de la déprise se met en place : moins d'exploitations, moins de lait, moins de collectes, moins (plus du tout !) de laiteries, de transformateurs. Un projet comme celui des 1.000 vaches en Picardie est un moyen de ramener l'élevage dans une région de grandes cultures et de maintenir une activité laitière dans une région en déprise laitière avec tous les services afférents comme le vétérinaire spécialisé ou le fournisseur d'alimentation animale ».
Face à la question du capital détenu par des investisseurs, l'ancien agriculteur n'a pas de complexe : « L'investissement nécessaire à ce type de réalisation ne peut être réalisé sans un apport de capitaux, voire sans capitaux extérieurs. Les agriculteurs craignent que l'activité d'élevage ne leur échappe pour des raisons financières. Cette crainte est bien compréhensible mais déconnectée des réalités. En tout cas, dans le cas des 1.000 vaches, l'argument n'est pas pertinent. » Et si les attaches agricoles et/ou familiales des investisseurs disparaissaient ? Il n'y voit pas de « drame ». « L'agriculture serait-elle le seul secteur de production qui n'a pas besoin de capitaux extérieurs ? Il y a une pression croissante des industriels, des banques, des institutions financières, voire même des fonds de pension pour investir dans les terres et l'agriculture. Il faut accompagner cette évolution plutôt que la refuser. »
Autres leviers
Le rapport préconise aussi d'accompagner les éleveurs à l'après-« paye de lait » : « Il faut mieux les former à la gestion en période de cours variables » et « utiliser davantage le levier fiscal. » Il propose aussi de creuser la voie du « double-prix » avec un prix B plus bas pour partir à la conquête de marchés concurrentiels et de renforcer les organisations de producteurs. A l'échelle européenne, il appelle à relever le prix d'intervention trop bas (220 euros par tonne de lait brut).
Le rapport fustige enfin le comportement de la distribution. « Les GMS fixent des prix en dépit des réalités et ne respectent pas leurs contrats. Elles facturent sans arrêt des pénalités de retard et des services injustifiés, s'insurge Michel Raison. Ce n'est plus un problème législatif mais moral. Les règles existent. Il faut appliquer les pénalités plus vite et plus fort. »
le bon sens des sénateurs
samedi 27 juin 2015 - 08h54
Le bon sens oui mais aussi le courage de le dire. Quel agri ou éleveur voudrait travailler à la mode des années 50? Ceux de la conf peut être, mais ils ne sont honnêtes, ils savent eux aussi que l'évolution des moyens de production est inéluctable. Il faut être un Gérard FILLOCHE pour affirmer le contraire. (émission ''28 mm'' sur la 7 à 20 H du 24/6/15)