La banque française Crédit Agricole SA a confirmé, jeudi, avoir reçu « plusieurs » offres pour la reprise de sa filiale grecque Emporiki, sans avoir encore pris de décision à ce stade, indique un communiqué.
La banque ne précise pas l'identité des prétendants, mais la Banque Nationale de Grèce (BNG), première banque commerciale du pays, Eurobank et Alpha Bank ont déjà indiqué, de leur côté, avoir déposé chacune une offre pour le rachat d'Emporiki.
« Ces offres sont en cours d'analyse par Crédit Agricole SA et aucune décision stratégique n'a été arrêtée à ce jour », indique la banque française, qui prévient qu'elle « informera le marché de toute évolution tangible sur ce dossier ».
Banque moyenne en Grèce, Emporiki a coûté au Crédit Agricole plus de dix milliards d'euros depuis sa prise de contrôle en 2006, en comptant le coût d'acquisition, les pertes comptables et les augmentations de capital. Sujet d'inquiétude constant pour les investisseurs, elle a aussi contribué à la chute du cours de bourse, qui a été divisé par plus de trois en trois ans.
La banque française a décidé de la céder dans le cadre de la vaste restructuration en cours du système bancaire grec, mis à mal par la crise de la dette qui plombe le pays depuis deux ans. Une recapitalisation préalable de l'établissement par Crédit Agricole SA est prévue, à hauteur d'environ 3 milliards d'euros, avait indiqué une source bancaire.
Fin mars, les engagements directs entre la banque française et sa filiale se montaient à 5,2 milliards d'euros, dont 600 millions en capital et 4,6 milliards sous forme de financement interne au groupe.
Dans une note publiée mercredi soir, les analystes de Deutsche Bank évaluaient à 2,5 milliards d'euros le montant nécessaire pour recapitaliser Emporiki et estimaient que ces 4,6 milliards d'engagements seraient « un sujet crucial dans les négociations ». Plutôt que de réinjecter des fonds dans sa filiale grecque, Crédit Agricole SA a ainsi la possibilité d'abandonner tout ou partie des créances qu'elle porte sur elle.
Pour les analystes de Deutsche Bank, l'annonce est « une bonne nouvelle, mais il est trop tôt pour prendre position ». Ils considèrent notamment que rien ne pourra se faire sans l'apport du Fonds grec de stabilité financière (HFSF), dont les capacités financières sont quasiment nulles aujourd'hui après la recapitalisation des quatre principales banques grecques à hauteur de 18 milliards. Selon eux, il faudra donc attendre une nouvelle injection du Fonds européen de stabilité financière (FESF) dans le Fonds grec de stabilité financière pour finaliser la cession d'Emporiki.