Le Crédit Agricole débute l'année sur une nette hausse de ses bénéfices trimestriels, portés notamment par la bonne tenue des caisses régionales et par la progression de sa banque de financement et d'investissement.
La structure cotée du groupe bancaire, Crédit Agricole SA (CASA), a dégagé un bénéfice net en hausse de 30 % entre janvier et mars, à 868 millions d'euros. C'est mieux qu'attendu par les analystes interrogés par Bloomberg qui tablaient sur un résultat net de 848 millions d'euros. Au niveau du groupe Crédit Agricole, qui intègre la totalité du résultat des caisses régionales, le bénéfice a grimpé de 15 % ce trimestre, à 1,42 milliard d'euros, selon un communiqué publié mercredi.
« Nos résultats sont bons, alors que nous sommes dans une économie atone. Ils confirment la solidité de notre capital et s'inscrivent totalement dans notre plan à moyen terme », s'est félicité le directeur général de CASA, Jean-Paul Chifflet, lors d'une conférence téléphonique. M. Chifflet a souligné l'amélioration de l'efficacité opérationnelle au cours du trimestre et la bonne orientation de l'activité commerciale.
Entre janvier et mars, le produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires) de CASA a progressé de 0,7 %, à 4,01 milliards d'euros, et celui du groupe de 1,1 %, à 7,75 milliards d'euros. L'activité a été soutenue dans le secteur des banques de détail (Caisses régionales, LCL et réseaux à l'étranger) avec une collecte en hausse de 3,3 % et des encours de crédits en progression de 0,8 % sur un an. La contribution des caisses régionales au résultat de CASA a notamment augmenté de 10 %, à 378 millions d'euros.
Litige aux Etats-Unis
A contre-tendance du secteur, la banque de financement et d'investissement (BFI) a dégagé des revenus en hausse (+3,2 %), tirée par la bonne performance des activités de trésorerie et de banque commerciale. Le pôle de la gestion de l'épargne et de l'assurance a en revanche vu ses revenus s'effriter (-1,5 %), pénalisé par la banque privée. Le pôle des services financiers spécialisés, où figurent notamment les activités de crédit à la consommation, affiche un PNB en baisse (-5,7 %) mais un bénéfice net plus que triplé grâce à la baisse du coût du risque (c'est-à-dire des provisions pour risque d'impayés). Globalement, le coût du risque est en nette baisse au cours du trimestre (-20 %) du fait d'une amélioration dans la filiale italienne de crédit à la consommation, Agos Ducato. Les charges d'exploitation ont baissé dans le même temps de 1,2 %, grâce au plan d'économies engagé par le groupe depuis 2012, mais aussi en lien avec la baisse des effectifs moyens (-2 % sur un an).
« Notre mission dans les mois à venir est la mise en œuvre des grandes orientations de notre plan : la progression limitée des revenus tant que l'environnement reste contraint, la poursuite d'une gestion des coûts sérieuse et maîtrisée, la normalisation du risque en Italie et l'adaptation au nouveau cadre réglementaire », a indiqué M. Chifflet.
Au plan réglementaire, le groupe a de nouveau renforcé sa solvabilité au cours du trimestre et estime être en avance sur ses objectifs, avec un ratio de fonds propres « durs » (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits consentis) de 11,7 % à la fin de mars, et de 9 % pour CASA, calculé selon les normes de Bâle III. Le groupe table sur un ratio de 14 % en 2016, et de plus de 10,5 % pour CASA.
Interrogé sur le litige aux États-Unis concernant des paiements en dollars dans des pays soumis à un embargo américain, M. Chifflet a indiqué que le groupe procédait aujourd'hui à une revue volontaire de ces transactions. « Nous ne connaissons pas l'issue de cette revue ni la date à laquelle celle-ci sera terminée », a-t-il répondu. Ce litige, qui oppose plusieurs banques européennes aux autorités américaines, avait conduit BNP Paribas à avertir le marché à la fin d'avril sur l'ampleur des sanctions dont elle pourrait écoper.