L'agriculture intensive détruit l'habitat de de nombreuses espèces menacées de disparition dans l'UE, a déploré lundi la Commission européenne en invitant les gouvernements à «redoubler d'effort» pour protéger les zones les plus vulnérables.
L'exécutif européen s'appuie sur les données d'un rapport sur l'état de conservation de 1.182 espèces animales et de 216 types d'habitats, considéré comme «l'étude la plus complète sur la biodiversité en Europe».
L'alerte est donnée pour «les formations herbeuses et les zones humides et côtières», dont l'état est jugé «particulièrement mauvais» en raison de «la disparition progressive des modèles d'agriculture traditionnels», du développement du tourisme et du changement climatique.
«L'état de conservation de tous les habitats associés à l'agriculture est bien pire que celui des autres types d'habitats», dénonce le rapport. «Cette situation est due à l'évolution vers une agriculture plus intensive, à l'abandon des terres et à une mauvaise gestion des sols», souligne la Commission.
«Plus de la moitié des reptiles (59%) et près de la moitié (42%) des amphibiens d'Europe sont en déclin et sont plus menacés que les oiseaux et les mammifères», note la Commission.
L'Europe abrite 151 espèces de reptiles (serpents, lézards notamment) et 85 espèces d'amphibiens, dont beaucoup ne vivent en nul autre endroit de la planète, souligne-t-elle.
Et les pays européens sont obligés à maintenir un certain nombre de types d'habitats et d'espèces, sous peine d'amendes.
La France est ainsi poursuivie devant la justice européenne pour non-assistance au grand hamster, menacé d'extinction par les agriculteurs en Alsace, son dernier territoire.
«La biodiversité est gravement menacée en Europe», a averti le commissaire européen à l'Environnement Stavros Dimas dans un communiqué.
«S'il est certain que nous n'atteindrons pas l'objectif de mettre un terme au déclin de la biodiversité en Europe d'ici à 2010, le rapport montre qu'il ne faut pas baisser la garde», a-t-il affirmé.
Quatre pays – Espagne, Portugal, Chypre et la Grèce – ont en outre été invités à compléter d'urgence les données manquantes sur l'état de conservation de plus de 50% des espèces déclarées sur leur territoire et considéré pour l'instant comme «inconnu».
«Mais le tableau n'est pas entièrement sombre», souligne la Commission en citant pour exemple le retour de certaines espèces comme le lynx d'Eurasie, l'ours brun, le loup et le castor dans plusieurs régions de l'UE.
L'organisation écologiste BirdLife a salué ce rapport et réclamé une réforme radicale de la Pac. C'est notre dernière chance pour stabiliser notre environnement rural», a affirmé l'un des responsables de l'organisation, Konstantin Kreiser.