«Pour des raisons d'homogénéité des lots, le Gasc (le bureau égyptien chargé des achats publics de blé) refuse désormais que les bateaux de 60.000 tonnes puissent être chargés depuis plusieurs ports différents. Cette nouvelle contrainte du cahier des charges élimine de fait le port de Rouen qui n'a pas les capacités pour accueillir les navires correspondants», a déclaré mercredi Christian Vanier, directeur de l'animation des filières à FranceAgriMer. Prise au dépourvu par cette nouvelle donne, la France se trouve dans l'impossibilité de répondre aux cahiers des charges égyptiens.
«C'est à Rouen que se trouvent les disponibilités de blé», a expliqué Rémi Haquin, président du conseil spécialisé des céréales de FranceAgriMer. «C'est là aussi que se trouvent les lots de qualité pour l'exportation», a ajouté Christian Vanier. Impossible donc dans l'immédiat d'imaginer que les chargements puissent se faire dans les ports maritimes français qui en auraient les capacités.
«Nous n'avons pas vu venir cette nouvelle mesure et nous essayons de convaincre les Égyptiens de fixer une obligation de résultat sur l'homogénéité et la traçabilité des lots, plutôt qu'une obligation de moyens», poursuivent les responsables de FranceAgriMer.
La décision égyptienne pourrait venir de problèmes rencontrés par le Gasc, notamment sur des chargements russes. Cette décision inquiète les opérateurs français car l'offre est abondante et les exportations vers l'Égypte devaient permettre d'équilibrer le bilan pour limiter les stocks de la fin de la campagne.
«Pour l'heure, les prix du blé sur le marché français sont assez peu sensibles à ces fondamentaux baissiers. La forte présence des fonds d'investissement sur les marchés financiers continue de soutenir les cours. Sur les marchés de Chicago, les cours du blé de type SRW sont en lévitation et en totale déconnexion avec les marchés physiques», a insisté Michel Ferret, responsable des marchés et des études des filières à FranceAgriMer. «Nous appréhendons le moment où cela va retomber», a ajouté Christian Vanier.
Semis d'hiver: hausse en blé tendre et blé dur, baisse en orge et colza Les surfaces françaises semées en blé dur seraient cette année de 10% supérieures à l'an passé, selon une étude réalisée par FranceAgriMer et diffusée mercredi. Les surfaces atteindraient 455.000 ha. En blé tendre, FranceAgriMer note également une hausse de 3% des surfaces à 4,89 millions d'hectares. Presque tout a déjà été semé. Les producteurs ayant réagi aux prix très bas en orge, les surfaces d'escourgeon sont attendues en repli de 4%. En colza, les surfaces sont quasi reconduites avec une baisse de seulement 0,4% à 1,47 Mha. |