Le consommateur, qui risque d'être touché par le mouvement de protestation des agriculteurs contre la grande distribution, «comprend le monde paysan», a déclaré Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, dans une interview publiée jeudi dans le Monde.
Des agriculteurs de l'ouest de la France bloquent depuis le début de la semaine des plates-formes d'approvisionnement de la grande distribution et la FNSEA a lancé un appel pour étendre le mouvement à toute la France à partir de jeudi. Le syndicat prévoit qu'environ la moitié des plates-formes seront bloquées.
La FNSEA dénonce les marges réalisées par les distributeurs dans plusieurs secteurs de production, comme le lait, les fruits et légumes et le porc.
«Le consommateur peut être agacé ponctuellement des perturbations dans les supermarchés, mais au final, je pense qu'il comprend le monde paysan», estime Jean-Michel Lemétayer.
Les agriculteurs attendent «une prise de conscience du gouvernement», souligne le président de la FNSEA, réaffirmant la volonté des agriculteurs d'«obtenir la vérité sur les prix et les marges».
«Il ne suffit pas d'annoncer un observatoire, et constater qu'il ne fonctionne pas», a-t-il ajouté en référence à l'Observatoire des prix et des marges, chargé d'étudier la formation des prix.
Selon Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), le blocage des plates-formes d'approvisionnement des grandes surfaces est «contre-productif» pour les agriculteurs.
Ce mouvement «s'en prend au client» et cela «risque d'avoir des conséquences sur l'approvisionnement pour le consommateur alors que le problème n'est pas là», déclare-t-il.
«On sait qu'il y a un problème de rémunération des producteurs», mais le président de la FCD l'attribue «à la façon dont sont organisés ou pas les marchés du porc ou encore les produits industriels pour la filière laitière».
«On est prêt à jouer le jeu, mais bloquer les plates-formes est complètement contre-productif», ajoute-t-il, soulignant qu'il «ne doit y avoir aucune violence ni contre les personnes ni contre les biens» lors de ce mouvement.
Au sujet de la réunion du comité de pilotage de l'Observatoire des prix et des marges qui s'est tenu mercredi au ministère de l'Agriculture, Jérôme Bédier affirme que la rencontre avait été «positive».
Il indique toutefois que les distributeurs veulent «aller plus vite et plus loin avec plus de moyens» pour la mise en place d'une «méthodologie professionnelle et complète». «Nous demandons une réunion des ministres dès la semaine prochaine après le remaniement», a-t-il ajouté.
La réunion de mercredi était consacrée, comme les trois précédentes, aux produits issus du porc. Elle a rassemblé une trentaine de personnes, dont des distributeurs et des agriculteurs.
L'Observatoire doit étudier la formation des prix. Après ceux du porc, il doit se pencher sur ceux du lait, puis des fruits et légumes.
Ce comité, copiloté par Bercy et le ministère de l'Agriculture, est composé de 20 à 30 personnes issues de l'agriculture, de l'industrie agroalimentaire, de la distribution et d'associations de consommateurs.
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