En cette année placée sous le signe du climat, où Paris se met la pression pour qu'un accord mondial sur la limitation du réchauffement soit signé en décembre, l'agriculture n'aura de cesse de rappeler ses contributions passées, présentes et futures à ce dossier « chaud ». C'est dans ce contexte que les présidents de l'Ademe et de l'APCA (chambres d'agriculture) tenaient une conférence de presse conjointe au Salon de l'agriculture jeudi.
Si « les générations de demain » seront les plus concernées par les effets du changement climatique, « c'est maintenant qu'il faut investir, il faut mobiliser la recherche », a martelé Guy Vasseur, président de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA).
Bruno Lechevin, président de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), de son côté, a souligné le potentiel d'atténuation du secteur de l'agriculture et des forêts que des études menées en partenariat avec le monde agricole et scientifique et les ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie ont permis de caractériser. « Ce secteur est le seul qui permet d'agir sur les trois leviers de l'économie d'énergie, de la production d'énergie renouvelable et du stockage de carbone », a noté Bruno Lechevin. Le premier levier permettrait à lui seul d'économiser 30 MteqCO2 à l'horizon 2030.
Diffuser les pratiques vertueuses
Des « fiches action » ont été rédigées afin d'aider à la diffusion des pratiques vertueuses et efficaces.
- Selon l'Ademe, le premier levier serait l'optimisation de la fertilisation azotée, qui permettrait d'économiser jusqu'à 6,1 MteqCO2 par an pour un « coût négatif » (c'est-à-dire qu'elle engendre un bénéfice économique pour l'exploitant). L'impact sur les émissions d'ammoniac n'est pas quantifié mais serait « important » puisque la fertilisation représente près de 25 % des émissions nationales.
- Second levier : la gestion des déjections animales. La méthanisation présenterait un potentiel d'économie de de 5,8 MteqCO2 par an, mais pour un coût estimé à 17 €/eqCO2. D'autres techniques (conception des bâtiments d'élevage, couverture des fosses à lisier, techniques d'épandage...) permettraient d'éviter l'émission d'environ 40.000 tonnes d'ammoniac par an, pour un coût allant de moins de 5 €/t (pour les techniques d'épandage) à 39 €/t.
- Autre levier majeur : l'alimentation animale (2,6 MteqCO2/an, mais pour un coût pouvant atteindre 195 €/teqCO2 dû au coût plus élevé des aliments riche en lipides insaturés). L'impact serait en même temps de 6.000 à 7.000 t de NH3/an.
- Une meilleure gestion des prairies (allongement de la durée de vie des prairies temporaires, augmentation modérée du chargement sur les prairies permanentes peu productives...) pourrait également éviter l'émission de 2,6 MteqCO2/an tout en faisant économiser 172 €/teqCO2 évitée. En même temps, les émissions d'ammoniac seraient réduites.
- Parmi les autres leviers, l'Ademe a identifié l'agroforesterie et les haies (-2,8 MteqCO2/an), l'introduction de légumineuses mais aussi de cultures intermédiaires (environ -1,5 MteqCO2/an pour chacun), les techniques culturales simplifiées et bien sûr les économies d'énergie directe (carburant, électricité, gaz).
Une chose est sûre : le changement climatique est en marche, à en juger par les fraises qui étaient offertes sur le stand de l'APCA, un 26 février...