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Quatre pays, quatre méthodes de production

Publié le mercredi 18 novembre 2015 - 12h03

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Lors de la « conférence des agriculteurs sur le climat » organisée par l'Afdi (1) le 17 novembre à Paris, des agriculteurs sont venus présenter leurs solutions de terrain pour limiter les effets du climat sur leurs productions.

 

Algérie/Hillel Bentifour : « Mieux piloter l'irrigation et utiliser des variétés précoces »

 

 

Arboriculteur sur 9 ha dans la Mitidja, à 40 km au sud d'Alger, Hillel Bentifour a repris la ferme familiale en 1997. L'exploitation emploie 3 salariés permanents et des saisonniers. Pêches et nectarines sont récoltées de la mi-mai à la mi-juillet. L'exploitation dépend entièrement de l'irrigation.

 

« Au départ, la Mitidja était une zone marécageuse et on plantait sur des buttes. Dans les années 80, le climat est devenu plus aride. Le gouvernement a beaucoup investi dans la construction de barrages pour alimenter les villes. En parallèle, les agriculteurs mettaient en place des forages sur les nappes pour irriguer les parcelles. Puis les pluies se sont raréfiées et les barrages n'ont finalement jamais été remplis. Les nappes phréatiques ont été pompées intensivement pour alimenter les villes, l'industrie et l'agriculture, et elles ont commencé à baisser dangereusement. De 50 m3/h pompés, nous sommes tombés aujourd'hui à 17 m3/h. La prise de conscience a été trop tardive, nous avons gaspillé beaucoup trop d'eau. Pour pallier ce déficit, nous avons réalisé de gros investissements matériels pour piloter l'irrigation et passer au goutte à goutte (dans les années 2000, ndlr). Il a fallu ensuite un an pour adapter les arbres et les rendements ont chuté. Nous avons également choisi de planter des variétés précoces pour ne pas avoir à irriguer toute l'année. Ces trois dernières années, il y a eu des pluies plus abondantes, nous sommes donc relativement confiants pour l'avenir ».

 

Canada/Steve James Larocque : « L'agriculture de précision est une forme d'agriculture pour demain »

 

 

Agriculteur en Alberta, à 100 km au nord-est de Calgary, Steve produit blé, orges, colza et pois sur sa ferme de 260 ha. Il s'est spécialisé dans l'agriculture de précision et possède son propre site internet.

 

« Difficile de dire qu'il s'agit des effets du changement climatique. Dans ma région au Canada, nous passons d'un extrême à l'autre, de très froid à très chaud, de précipitations intenses à de fortes sécheresses, de la tempête à un temps lourd, sans air. Il faut donc s'adapter. L'agriculture de précision permet d'atténuer l'effet de ces changements. La monoculture nous mène depuis 50 ans mais aujourd'hui nous devons nous adapter pour produire. L'agriculture de précision permet l'application précise d'intrants en tenant compte des sols. Certains outils nous permettent par exemple de planter plusieurs espèces tout en gérant les plantes invasives. Une étude canadienne a par exemple prouvé que la production augmentait lorsqu'on semait entre les andains de la dernière récolte. En laissant des andains plus haut, on crée un micro-climat au raz de la terre. Ils protègent les semis du vent, du froid et des pluies excessives. Les GPS et les drones permettent de suivre exactement le bon passage. Ces outils sont à notre portée et, à mon sens, l'agriculture de précision est une des formes d'agriculture pour demain car elle permet de réduire la consommation d'intrants chimiques et de faire des économies ».

 

Burkina Faso/Paulin Drabo : « Utilisation plus efficiente des eaux de ruissellement »

 

 

Paulin est animateur pour la Fédération Nationale des Groupements Naam. La fédération d'association de paysans représente plus de 600.000 producteurs à travers le Burkina Faso et prodigue de la formation et de la recherche pour aider à l'autosuffisance alimentaire et à la création de revenus.

 

« Nous ressentons profondément le changement climatique. Avant, on ne parlait que de l'avancée du désert mais maintenant c'est différent. Il y a une véritable prise de conscience du changement climatique au Burkina Faso. Le climat change sans arrêt. En pleine saison des pluies, il arrive que nous subissions trois semaines de sécheresse. A l'inverse, en saison de sécheresse, les éléments se déchainent d'un coup et provoquent parfois de graves inondations. D'une année sur l'autre, cela change et il est très difficile de savoir de quoi demain sera fait. On observe également de grosses disparités au niveau local. Chaque « micro-terroir » doit donc être considéré en fonction de ses réalités afin d'adapter des techniques qui permettront aux fermes de continuer à produire. Dans certains cas, il peut s'agir d'irrigation d'appoint pour stocker l'eau pendant un mois et demi. On récupère l'eau de ruissellement à petite échelle pour sécuriser une partie de la production. Grâce à cela, certaines fermes se sont mises à recultiver du maïs. Dans les zones sèches où les sols sont érodés, on utilise aussi la technique du « zaï ». On dépose de la fumure organique dans des trous avant de semer. Cela permet de récupérer des terres incultes. »

 

Australie/Les Gordon : « Les quotas d'eau ne doivent pas remettre en cause l'économie agricole »

 

 

Installé sur 1.600 ha avec son père et son frère, il produit des céréales, dont du riz, et de la viande bovine dans le sud-ouest de l'Australie. Ancien président de l'association des producteurs de riz australiens, il préside aussi la commission « eau » de la fédération nationale des agriculteurs australiens.

 

« Le défi des années à venir sera de produire plus avec moins d'eau. L'Australie a subi plusieurs années de sécheresse intense mais il est difficile d'affirmer qu'il s'agit là des effets du changement climatique. Pour équilibrer l'accès à la ressource en eau, le gouvernement a mis en place un droit de prélever l'eau pour les agriculteurs appelé « Water entitlement », à prix variable selon les régions. Mais le problème de l'accès à l'eau et du coût de ces droits menace à terme la sécurité alimentaire. Nous devons nous assurer que les discussions sur l'accès aux ressources en eau se fonde sur des chiffres réalistes qui prennent en compte la partie économique des exploitations agricoles. La sécheresse, ajoutée aux coûts d'achat des droits d'irrigation, ont des effets néfastes sur l'économie agricole et, par ricochet, sur les territoires ruraux ».

 

(1) Agriculteurs français et développement international

 

A lire également :

Changement climatique : le devoir nourricier avant la loi du marché (17 novembre 2015)

 

P.B.


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