C'est un Stéphane Le Foll combatif qui est intervenu devant plus de 300 paysans, jeudi 23 avril au congrès annuel de la Confédération paysanne à Ispoure, près de Saint-Jean-de-Luz au Pays basque.
Réforme de la Pac, loi d'avenir agricole... le ministre de l'Agriculture a défendu son bilan coûte que coûte et malgré quelques sifflets. « J'y suis habitué et je ne recule pas. Je trace mon chemin et c'est mon chemin », a-t-il répondu à Laurent Pinatel, le porte-parole du syndicat, qui a appuyé sur les espoirs déçus qu'avait suscités ce ministre de gauche. « Qu'avez-vous fait de ces promesses entrevues, vous avez perdu le fil des ambitions, utilisé a minima les outils négociés à Bruxelles », a lancé Laurent Pinatel. Accord de libre-échange UE-USA (Tafta), fin des quotas laitiers, industrialisation de l'agriculture, emploi, loi biodiversité, climat, crises sectorielles... « Il faut agir, vous êtes en devoir d'agir », a interpelé le syndicaliste, « inquiet des grands dangers qui menacent l'agriculture paysanne ». « Nous refusons cette fuite en avant. Le salut n'est pas dans l'exportation et la modernisation. Une autre agriculture est possible, paysanne. Comme elle se vit ici, au Pays basque. Si l'on fait changer le budget de cap, on peut changer de système. Cessons d'exclure par le bas. Le courage c'est d'agir. Prouvez-nous que vous avez du courage. »
« Prendre en compte toutes les agricultures »
Ce à quoi le ministre de l'agriculture a répondu avec vigueur et un peu d'agacement : « Je ne veux pas prendre de leçon et surtout pas de courage. J'ai eu à négocier une Pac avec 28 pays, une loi d'avenir agricole avec députés et sénateurs. Je n'ai pas manqué de courage quand il a fallu faire des choix. Les compromis ne sont pas des compromissions. Vous avez un projet : répondre aux besoins de la société en matière sociale et environnementale, mais ce n'est pas le seul enjeu. Premier point de divergence entre nous : l'économie. »
Le ton était donné. Aux questions plus techniques sur ses arbitrages trop timides, notamment sur le niveau de convergence ou du paiement redistributif, il n'a pas varié son discours : « je suis ministre, ce ne sont pas les mêmes paysages, ce n'est pas la même agriculture partout. Le problème du ministre et du politique, c'est de prendre en compte toutes ces agricultures. Les choix ne peuvent pas plaire à tout le monde. J'assume politiquement mes choix ».
Vache allaitante, ICHN : tout n'est pas figé
Stéphane Le Foll est particulièrement fier de son combat pour obtenir 15 % de couplage des aides. « Je suis fier de ce résultat ». Un gros bémol toutefois, celui du seuil de 10 vaches pour bénéficier de la nouvelle aide aux bovins allaitants, qui ne passe pas à la Confédération paysanne. Les services du ministère le regretteraient aussi si l'on écoute les bruits de couloir, mais le ministre assume coûte que coûte, cette fois sans bien pouvoir se justifier. Si sa politique est ferme et définitive, il a toutefois entrouvert la porte pour les éleveurs qui détiennent moins de 10 vaches allaitantes. « S'ils augmentent leur cheptel pour atteindre ce seuil, ils se verront attribuer des références en priorité par la réserve ». Une consolation, mais encore trop maigre pour ces nombreux éleveurs de montagne qui ont un cheptel de brebis et un complément d'activité en allaitant, comme c'est le cas de nombreuses fermes au Pays basque.
Sur l'ICHN, « un travail est en cours pour finaliser les taux et plages de chargement. Je vais faire en sorte de rattraper là où c'est nécessaire, soit 250 à 300 élevages, et garder en 2015 un chargement minimum à 0,05 UGB/ha. Ensuite, en fin d'année, on observe l'évolution globale de la Pac et on voit si on peut aller à 0,1 UGB/ha en 2016 ».
Stéphane Le Foll s'est prêté à un échange d'une demi-heure avec la salle. Une attitude plutôt inhabituelle pour un ministre de l'Agriculture.
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vendredi 24 avril 2015 - 09h16
Ces gars de la conf. sont des poètes! Le problème, c'est que pour survivre, l'agriculture sera moderne et exportatrice ou disparaitra. Le temps des atelages de boeufs , de l'herminette c'est fini. Bref, tout le contraire de leur utopie. De plus, ils ont pour l'instant l'oreille (et encore apparament pas totalemen)d'un ministre de gauche, mais ils feraient bien d'en profiter avant 2017.