« Dérisoires », « sans envergure », « inadaptées », le think tank français Momagri (mouvement pour une organisation mondiale de l'agriculture) ne manque pas de qualificatifs pour juger les mesures proposées par la Commission européenne lundi à Bruxelles pour faire face à la crise que traverse le monde agricole. « Un catalogue de mesures (...) qui démontre à quel point la nouvelle PacC est inadaptée aux problèmes à résoudre ».
Le Momagri pointe particulièrement l'entêtement de la Commission à chercher la solution à tous les maux dans les accords commerciaux bilatéraux. « Aucune étude d'impact n'est capable d'évaluer à ce jour les impacts positifs et négatifs de ces accords de libre-échange, en particulier celui avec les Etats-Unis », souligne-t-il. Et d'ajouter : « C'est oublier aussi que nos homologues nord-américains, sud-américains ou asiatiques sont en situation de prise de parts de marché, grâce bien souvent à des politiques agricoles qui les protègent des chutes excessives des prix. »
Le Momagri renvoi aussi la responsabilité au Conseil des ministres de l'agriculture européens. « Combien de temps continuera-t-il à entériner des propositions qui sont aujourd'hui clairement mises en échec par l'ampleur de la crise agricole ? » Et il appelle le Parlement européen à « prendre le leadership » à l'approche de la révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel européen en 2016-2017. Pour le think tank, seul un fonctionnement démocratique des institutions européennes permettra une réforme en profondeur de la Pac. Une réforme qu'il a décrite dans son livre blanc publié début 2015 et qui propose de « redéployer les paiements directs autour d'un dispositif contracyclique (ndlr. comme il existe Outre-Atlantique) stabilisateur des revenus des agriculteurs et à un coût budgétaire compatible avec l'enveloppe des perspectives pluriannuelles ».