Caen, Evreux, Le Mont-Saint-Michel, les ponts de Normandie et de Tancarville : les éleveurs en colère perturbent fortement mardi la circulation en Normandie où le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, est attendu dans l'après-midi pour rencontrer des agriculteurs.
Après une journée et demie de blocage du périphérique de Caen, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a cédé en milieu de journée à la revendication des éleveurs normands de venir les rencontrer, en annonçant une rencontre avec les agriculteurs qui dénoncent la faible rémunération de leurs productions. « Je ne souhaite qu'une seule chose, qu'il ne vienne pas annoncer des mesurettes, mais qu'il pense au long terme », a réagi Rodolphe Lormelet, ancien président des Jeunes Agriculteurs du Calvados.
« Ça montre que les actions qu'on a menées au Mont-Saint-Michel paient [...] Maintenant attendons de voir ce qu'il va proposer mais ne croyons pas au miracle », a déclaré à l'AFP Yannick Bodin, responsable de la Coordination rurale de la Manche, à un barrage interdisant l'accès au célèbre rocher. Les touristes, obligés de descendre de voiture avant de pouvoir atteindre le parking, devaient passer devant les tracteurs pour pouvoir se rendre au Mont-Saint-Michel, bloqué par les éleveurs depuis lundi après-midi.
A l'autre bout de la Normandie, les éleveurs ont bloqué dans la matinée le pont de Tancarville et le pont de Normandie dans le sens nord-sud. Sur ce dernier pont, qui surplombe l'estuaire de la Seine entre Le Havre et Honfleur, le barrage devenait filtrant depuis 13h30.
Les manifestants ont aussi élevé des barrages sur plusieurs routes ou autoroutes, notamment sur la N12 (barrage filtrant près d'Alençon, dans l'Orne) ou sur l'autoroute A84 entre Caen et Rennes, près d'Avranches, selon le Crir. A Evreux, des éleveurs de l'Eure ont bloqué avec des tracteurs les principaux axes d'accès à la ville. Au milieu de la matinée, la situation s'améliorait, quatre des cinq barrages devenant filtrants.
François Hollande a annoncé mardi qu'un « plan d'urgence » en faveur des éleveurs serait présenté mercredi lors du conseil des ministres. « Des mesures d'urgence, c'est pas ça qui va sauver l'élevage », a commenté Samuel Bidert, secrétaire général adjoint de la FDSEA du Calvados. « On veut des mesures sur le long terme pour structurer la filière et l'augmentation immédiate des prix », a-t-il ajouté.
Ailleurs dans l'Ouest, une action était en cours à Saint-Malo afin de bloquer la ville la plus visitée de Bretagne, a déclaré Yannick Frain, délégué cantonal de la FDSEA de l'Ille-et-Vilaine. Les éleveurs comptent établir un barrage filtrant sur l'usine marémotrice de la Rance et faire de Saint-Malo « une ville morte toute la journée », a-t-il averti. Soixante-dix tracteurs sont impliqués, selon la préfecture.
Un blocage est signalé aussi au pont de l'Iroise à Brest, où une grande surface a été prise pour cible par les éleveurs qui ont déversé fumier et gravats sur le parking. Dans les Pays de la Loire, les éleveurs ont aussi prévu de bloquer la ville de Mayenne à partir de 15h00.
Dans le Sud-Ouest, une vingtaine d'agriculteurs de la Dordogne bloquent depuis 7h00 l'accès à Lascaux 2, la réplique de la célèbre grotte, avec cinq tracteurs et deux bennes. Ils ont déployé des banderoles sur lesquelles on peut lire « Le lait, la mort » (référence à un slogan promotionnel pour les produits laitiers, « le lait, la vie ») ou encore « Le Foll des paroles, à Caen une réaction ».
A Loulans (Haute-Saône), dans la nuit de lundi à mardi, des éleveurs ont intercepté un camion de lait appartenant à la société Lactalis (collecteur de lait) et déversé son contenu, soit 16.000 litres. A Melisey, à une cinquantaine de kilomètres de là, d'autres éleveurs ont intercepté un autre camion de lait, dont ils ont crevé les pneus.