La Commission européenne a décidé de rester ferme face aux producteurs de lait et aux gouvernements qui réclament un gel, voire une baisse des quotas laitiers. Le projet de document qui sera publié le 22 juillet 2009 devrait réaffirmer ce principe. Les discussions déjà menées dans l'UE sur le sujet «excluent les idées telles qu'une baisse de 5% des quotas ou un gel des hausses de quotas», souligne l'exécutif européen dans ce texte.
De telles mesures «ne feraient que créer de l'incertitude, retarder le processus de restructuration et ne rendrait pas service aux nombreux producteurs de lait et à leurs familles qui ont besoin de directives claires pour planifier leur avenir», ajoutent les services de la commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel.
Cette dernière adresse ainsi une fin de non-recevoir aux producteurs de lait de l'European Milk Board (EMB), qui demandaient depuis des mois une réduction de 5% des quotas pour faire remonter les prix. «Il est incompréhensible de voir une telle rigidité», a réagi le président de l'EMB, Romuald Schaber, en réclamant à défaut «des limitations volontaires de production par les éleveurs» avec des compensations financières européennes. «Cela coûterait trois fois moins cher que de laisser, comme aujourd'hui, produire des surplus qu'on achète artificiellement pour les stocker ensuite», dit-il.
Mariann Fischer Boel a également rejeté une demande de l'Allemagne, soutenue par la France, visant à laisser la porte ouverte à un gel de la hausse programmée de 1% des quotas laitiers dans l'UE l'année prochaine.
José Bové, nouveau vice-président de la commission en charge de l'agriculture au Parlement européen, a fustigé lundi la position de l'exécutif européen, qualifiée d'«autiste» et de «libérale» face «à des exploitations qui ferment et des agriculteurs qui parfois se suicident». «Le seul moyen d'avoir des prix du lait plus conformes à la réalité des coûts, c'est de baisser les volumes de production», a-t-il ajouté.
Ce rapport avait été demandé par les ministres de l'Agriculture de l'UE pour envisager des réponses nouvelles face à la chute des prix, à l'origine de nombreuses manifestations en Europe depuis des mois. Le résultat pourrait bien être décevant.
Bruxelles ne propose dans son document que des mesures techniques de soutien limitées, comme l'assouplissement des règles d'octroi d'aides publiques ou des programmes de promotion des produits laitiers. La Commission envisage aussi de pénaliser davantage financièrement les agriculteurs qui dépassent leurs quotas individuels, afin de «freiner la production». L'argent ainsi dégagé pourra être utilisé pour aider ceux qui veulent quitter la profession. L'Italie, opposée au soutien artificiel des prix actuellement en vigueur, plaide en faveur de telles aides à la reconversion.
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