Les autorités allemandes s'efforçaient, lundi, de rassurer les consommateurs après une alerte à la dioxine alors que les deux tiers des élevages fermés à titre préventif ont pu rouvrir.
Jusqu'à présent, seuls des tests sur des œufs et des poules pondeuses ont fait apparaître des niveaux de dioxine supérieurs aux limites autorisées. Mais les résultats de tests sur la viande de volaille, de porc ou encore sur le lait de vache sont encore attendus.
La ministre de l'Agriculture, Ilse Aigner, a ainsi assuré qu'à « aucun moment, et maintenant non plus, les produits allemands n'ont été dangereux » pour la santé des consommateurs au terme d'une rencontre avec des représentants du monde agricole, de l'industrie de l'alimentation animale et de la défense des consommateurs à Berlin.
D'après un sondage publié dimanche, un Allemand sur cinq a renoncé à manger des œufs.
Ilse Aigner a également promis que toutes les conséquences du scandale seraient tirées, tant au plan judiciaire qu'au plan réglementaire.
« Cette affaire aura des conséquences », car les responsables de la contamination, qui n'ont pas encore été clairement identifiés, « ont manifestement agi d'une façon totalement irresponsable et sans aucun scrupules ».
Le ministère et les représentants du monde agricole se sont aussi mis d'accord pour étudier un « durcissement des procédures d'agrément pour les fabricants de suppléments alimentaires pour animaux ».
Au niveau européen, Ilse Aigner proposera d'interdire de produire sur un même site à la fois des produits destinés à l'alimentation des animaux et des graisses « techniques » destinées à l'industrie.
L'entreprise dans le collimateur des autorités publiques, Harles und Jentzsch, produit à la fois des graisses destinées à des applications industrielles et à l'alimentation des animaux.
Elle est soupçonnée d'avoir utilisé un lot de graisses à usage industriel, livré par la société de biocarburants allemande Petrotec, pour fabriquer des graisses destinées à l'alimentation animale.
Dans le monde de l'élevage, l'ambiance était néanmoins plutôt au soulagement, puisque le nombre d'entreprises fermées à titre préventif dans l'attente de résultats de tests est redescendu à 1.635, lundi matin, contre 4.709 au plus fort de la crise, vendredi.
La situation devrait continuer à se détendre, mais la ministre a souligné que « la sécurité (des consommateurs) est plus importante que la vitesse ».
L'Allemagne devra aussi regagner la confiance des quelques pays ayant pris des mesures de précautions samedi : la Corée du Sud, la Russie ou la Slovaquie.
Le ministre slovaque de l'Agriculture a indiqué, lundi, que la mise sur le marché de 365.000 œufs importés de l'Allemagne dans la première semaine de janvier avait été bloquée dans l'attente de résultats qui devraient arriver mardi ou mercredi.
La Commission européenne a, quant à elle, incité lundi l'Allemagne à abattre tous les animaux des élevages contaminés, même si la décision revient en dernier ressort aux autorités régionales.
La mesure est déjà entrée en application et plusieurs milliers de poules ont déjà été éliminées, a déclaré Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire à la Santé John Dalli.
En outre, une nouvelle réunion a été organisée lundi à Bruxelles avec les représentants des professionnels du secteur dans l'UE. Bruxelles attend des industriels qu'ils adoptent des mesures sur une base volontaire, « sinon la Commission pourrait procéder par voie de règlement », a souligné le porte-parole.
Contrairement aux premières affirmations, des lots d'aliments pour animaux potentiellement contaminés en Allemagne ont été vendus en France et au Danemark, à des élevages de poules reproductrices. Mais les taux de contamination étaient de 0,75 nanogrammes par kilogramme, soit très inférieurs aux taux autorisés dans l'UE, a précisé le porte-parole.
« Un couvoir situé dans l'Isère, à Vourey, a reçu un lot d'aliments issus d'un fabricant allemand. L'activité de ce couvoir est affectée à la production d'œufs pour la recherche et l'expérimentation et non à la production alimentaire », a expliqué, lundi, le ministère de l'Agriculture français, dans un communiqué.
« Des investigations sont en cours sous la coordination de la Direction générale de l'alimentation pour s'assurer que la concentration en dioxine de ces lots est inférieure aux normes. Par mesure de précaution, l'élevage est placé sous surveillance dans l'attente des résultats des analyses complémentaires », a-t-il ajouté.
Neuf tonnes d'œufs de pondeuses allemandes potentiellement contaminés ont également été livrés au début de décembre à une société aux Pays-Bas pour un usage industriel.
Une partie de ces œufs a été expédiée le 12 décembre 2010 à deux fabricants au Royaume-Uni, Kensey Foods en Cornouailles et Memory Lanes Cakes Ltd. à Cardiff (sud-ouest), une division du groupe Finsbury.
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