Lors d'un déjeuner avec la presse, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a longuement évoqué jeudi la crise qui touche les filières d'élevage devant des journalistes. Faisant le point sur les engagements pris lors des différents réunions de filières, il a constaté que « pour le porc, on est à 1,40 €/kg depuis deux cotations de Plérin. J'espère que ça va tenir dans le temps, et que les transformateurs vont s'engager sur les volumes. En bovins à viande, on a à peine fait la moitié du chemin, avec environ 10 centimes/kg. Certaines entreprises jouent le jeu, d'autres pas. Dans le lait, des engagements – et non des accords – ont été pris pour ne pas descendre en dessous de 340 €/1.000 l. »
Le responsable syndical est néanmoins resté prudent sur leur concrétisation de la part des transformateurs et des distributeurs. Son mot d'ordre actuel : « La mise sous surveillance des partenaires de l'aval. » Il a également signalé qu'il restait beaucoup de travail à faire avec la RHD (restauration hors domicile). La FNSEA entend également « redoubler de vigilance » sur le sujet de l'origine des produits, donc de l'étiquetage. « Nous demandons que le logo Viande de France soit affiché clairement en magasin. Les concitoyens sont prêts à soutenir une origine France, pour peu qu'on leur donne les informations », a-t-il expliqué.
« Cette crise, dont une partie des ingrédients sont conjoncturels [avec les baisses des prix à la production] révèle aussi une situation beaucoup plus dégradée de l'agriculture française, voire de l'économie française. [...] Il faut souhaiter qu'elle ait la vertu de nous faire réfléchir sur une régulation européenne », a poursuivi Xavier Beulin. Les mouvements commencent à gagner d'autres pays européens, parmi lesquels l'Italie et l'Espagne. Mais le président de la FNSEA ne s'est pas étendu sur les réformes structurelles à mener à cette échelle.
Une réflexion sur « un plan en quatre phases »
Xavier Beulin a également annoncé que la FNSEA entamait une réflexion, « un plan en quatre phases » :
- Redéfinir un modèle agricole à la française. L'Europe pourrait-elle accepter un modèle plus encadré ? Au niveau de l'UE, « la France peut aussi être une source d'inspiration. Peut-être peut-on aller vers un modèle qui repose sur la diversité des régions ? » A l'opposé d'une Europe du Nord beaucoup plus normative. « Je veux pousser la notion de mieux-disant. »
- Travailler avec les filières pour identifier leurs forces et leurs faiblesses, identifier les atouts de la France, réfléchir aux façons de combiner différents systèmes : circuits courts, bio, conventionnel...
- Réfléchir aux investissements, et avec quels moyens. Souhaitant « innover dans la gestion des investissements », le président de la FNSEA a lancé une réflexion sur la titrisation. Par exemple, la dette ne serait pas supportée par l'agriculteur, mais par un investisseur, l'Etat... avec des garanties en contrepartie sur les performances techniques, environnementales, énergétiques... Avec des agriculteurs qui resteraient maîtres de leur système.
- Travailler sur les outils, comme la fiscalité (DPA, gestion des fluctuations de marges...) ou la contractualisation, un chantier à « réactiver », estime Xavier Beulin.
Enfin
vendredi 31 juillet 2015 - 15h13
Je suis très content d'entendre que la fnsea réfléchit : ça fait plusieurs années que je leur dit : ' réfléchissez , avec votre modèle de sur-investissement vous risquez de mettre les producteurs et surtout les jeunes en grande difficulté '. Evidemment, personne ne m'écoute sauf quand il s'agit de producteurs en difficulté. Maintenant, je peux dire que: 1) on pouvait s'attendre à cette crise 2) on peut produire de manière raisonnable et s'en sortir 3) il ne faut + faire confiance au modèle dominant La Vie est BELLE quand on est Paysan