La Commission européenne a insisté lundi sur la nécessité d'un accord global avec la Russie pour la reprise des importations de porc européen, alors que France, Danemark, Pays-Bas et Italie ont discuté avec Moscou d'un règlement séparé.
« La Commission a un rôle à jouer » pour obtenir la levée de cet embargo, imposé par Moscou après la confirmation le 24 janvier de deux cas de fièvre porcine africaine sur des sangliers lituaniens, a souligné un porte-parole de la Commission, Frédéric Vincent.
Pour le moment, ces pays n'ont rien obtenu pour une reprise de leurs propres exportations, a indiqué une source européenne. La Russie absorbe un quart des exportations européennes de produits porcins, principalement des Pays-Bas, de l'Allemagne et du Danemark, pour une valeur totale annuelle de 1,4 milliard d'euros.
Bruxelles réclame que seules les exportations des régions identifiées comme touchées soient suspendues, conformément aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). « Les négociations continuent » avec la Russie, après une rencontre vendredi entre le chef des services vétérinaires russes, Sergueï Dankvert, et la directrice des services de santé de la Commission européenne, Paola Testori Coggi, a-t-il ajouté. Mais une source européenne a déploré que la Russie ait réussi à « diviser pour régner » sur ce dossier entre les Etats membres.
Le site des services vétérinaires russes a rendu compte d'une réunion le 19 février avec les responsables vétérinaires français, néerlandais et danois, qui représentaient aussi l'Italie, en présence du chef vétérinaire lituanien Jonas Milius. Une vidéo a été mise en ligne avec un communiqué de presse. « Il est plutôt rare que le compte-rendu filmé de telles rencontres soit diffusé », a relevé un diplomate européen. On y voit notamment la Néerlandaise Christianne Bruschke et le Danois Per Henriksen plaider auprès du chef vétérinaire russe, Sergueï Dankvert, pour des « solutions bilatérales ».
« Nous sommes ouverts à des solutions avec des garanties additionnelles sur la traçabilité et la surveillance, mais nous devons aussi attendre les résultats de vos discussions avec la Commission européenne », déclare pour sa part le Français Jean-Luc Angot.
La Russie a refusé, lors de ce rendez-vous, de fixer un calendrier de reprise des importations, mais accepté une mission conjointe d'experts.
Les abattoirs français avaient exhorté au début de février la Commission européenne à obtenir la levée de l'embargo russe qui menace selon eux un secteur déjà fragile.