La découverte d'un gène pourrait redonner du goût aux tomates industrielles dont les producteurs favorisent, lors de la sélection des variétés, une mutation génétique qui les fait mûrir uniformément mais au détriment de la saveur, selon des travaux publiés jeudi aux Etats-Unis.
Depuis longtemps, les cultivateurs de tomates sélectionnent des variétés génétiquement modifiées produisant des fruits de couleur vert pâle avant de mûrir simultanément et devenir rouges afin d'être récoltées en même temps.
Mais ce choix dans les croisements a neutralisé une protéine donnant de la saveur aux tomates, expliquent les chercheurs dont l'étude paraît dans la revue américaine Science datée du 29 juin 2012.
« Désormais, nous savons que certaines des qualités de la tomate très importantes pour les gens existent dans d'autres variétés non industrielles, ce qui donne aux producteurs la possibilité de faire des fruits plus désirables tant par la couleur que par la saveur », assure Ann Powell, biochimiste à l'Université de Californie, à Davis (ouest), parmi les principaux auteurs de ces travaux.
« Cette découverte du gène responsable de la saveur dans des variétés de tomates sauvages et traditionnelles offre la possibilité de retrouver des caractéristiques qui ont été perdues sans le savoir », estime Mme Powell, qui a étudié avec ses collègues durant deux étés en Espagne les gènes jouant un rôle dans le développement des tomates et leur mûrissement.
En partenariat avec des scientifiques de l'Université Cornell (Etat de New York, nord-est) et d'autres d'Espagne qui travaillaient sur le séquençage de certaines régions du génome de la tomate, les auteurs de l'étude ont découvert deux protéines (GLK1 et GLK2) contrôlant le développement des chloroplastes.
Il s'agit de structures dans les cellules de la plante qui permettent la photosynthèse chez les végétaux, un processus convertissant l'énergie de la lumière du soleil en sucres et autres composants influençant la saveur et la couleur des tomates.
Cette avancée pourrait avoir d'importantes retombées pour l'industrie américaine de la tomate avec une récolte annuelle de plus de 15 millions de tonnes et un marché pesant deux milliards de dollars par an, selon l'étude.