L'entrepreneur Michel Ramery a confirmé son intention d'étendre son troupeau à 1.000 vaches sur son exploitation picarde mais il s'est engagé à limiter la puissance de son méthaniseur, a-t-on appris à l'issue d'une réunion au ministère de l'Agriculture.
Le ministère a réuni mardi matin l'entrepreneur et les opposants à cet élevage (la Confédération paysanne, les riverains et EELV). Car depuis l'arrivée des 150 premières vaches ce week-end la tension était montée d'un cran.
« Le porteur du projet a confirmé qu'à terme il souhaitait monter son cheptel à 1.000 vaches », a rapporté à l'AFP le directeur de cabinet du ministre de l'Agriculture, qui pilotait la réunion. « Mais il a aussi confirmé qu'il allait ramener la puissance du méthaniseur à 0,6 MW », et utiliserait uniquement du lisier pour alimenter son unité, a ajouté Philippe Mauguin.
Michel Ramery prévoyait initialement de mettre en place un méthaniseur de 1,3 MW alimenté par les déchets de la ferme et ceux récoltés alentour. Les opposants demandaient cette limitation, notamment pour éviter un ballet de camions acheminant les déchets vers l'exploitation qui aurait perturbé les riverains, déjà inquiets des nuisances que pourrait induire cette ferme.
Le directeur de cabinet et la préfète de la Somme, Nicole Klein, ont eux rappelé les règles. A savoir que pour toute extension du troupeau de 500 à 899 vaches, « il appartiendra à la préfecture d'évaluer le caractère substantiel des modifications envisagées au regard notamment des impacts environnementaux et sanitaires, et d'évaluer sur ces bases la nécessité d'une nouvelle enquête publique ». Au-delà de 900 vaches en revanche, « la procédure d'enquête publique sera obligatoire », a précisé le ministère dans un communiqué.
Donc pour Philippe Mauguin, « la question de l'extension de la taille ne peut pas être prédite. Le droit permet à l'entreprise de proposer une extension du cheptel. Après, est-ce que le dossier qu'ils déposeront donnera toutes les garanties environnementales, sanitaires, sociales ? S'il y a le moindre risque, la préfète peut refuser l'extension ».
Un peu plus tôt, Stéphane Le Foll avait reconnu que l'État n'avait « pas de moyen direct pour limiter à 500 vaches ».
Depuis l'arrivée des 150 premières vaches samedi et de la première collecte de lait lundi, plusieurs dizaines de militants de la Confédération paysanne et de l'association d'opposants locaux Novissen bloquent la ferme située à Drucat, à quelques kilomètres au nord d'Abbeville (Somme).
Ils réclament un engagement écrit de Michel Ramery, avec la garantie formelle de l'État que le cheptel de vaches laitières sera limité à 500 têtes, comme l'autorise le permis d'exploitation délivré en février 2013.
La FDSEA et Jeunes Agriculteurs de la Somme estiment mardi dans un communiqué que « tout semble réuni pour que ce conflit local ait une issue favorable ». « Toutefois, certains ont a priori l'attention de surfer sur la surmédiatisation de cette bataille locale et continuent à utiliser des clichés qui font peur plutôt que d'amener de la sérénité et de la prospective pour nos territoires et nos éleveurs. En jouant le jeu de la surenchère médiatique, c'est la filière laitière entière qui en pâtit [...] », expliquent les deux syndicats.
« Nous posons un ultimatum : mercredi midi ce combat d'arrière-garde doit cesser. Les deux parties locales ont d'ores et déjà trouvé des points d'accord. Toute surenchère médiatique stigmatisant les éleveurs et l'élevage de la Somme entrainera la colère de nos paysans. Tout débordement ou manifestation contre-productive sera combattue. Les ambitions politiques des uns et des autres ne doivent pas être le fossoyeur de l'élevage », ajoutent la FDSEA et JA 80.