La justice enquête sur une affaire de tromperie présumée sur la viande de bœuf après les révélations d'un ex-cadre d'une société spécialisée dans la découpe de viande bovine, Castel Viandes, installée à Châteaubriant (Loire-Atlantique), a indiqué vendredi le parquet de Nantes, confirmant une information du Parisien/Aujourd'hui en France.
« Une enquête préliminaire a été ouverte à la mi-février pour escroquerie et tromperie à la suite d'éléments fournis à la gendarmerie, notamment par un ancien cadre, et corroborés par une enquête des services vétérinaires », a déclaré Fabienne Bonnet, procureur adjoint. « Une perquisition a eu lieu et l'exploitation des pièces saisies est en cours », a-t-elle ajouté, soulignant qu'il faudrait compter « plusieurs semaines » avant d'en connaître les résultats.
Selon le quotidien, « la justice soupçonne ce groupe familial, créé en 1963, de pratiques appelées “remballe” et d'avoir vendu de la viande avariée à des clients, notamment à des restaurants Flunch ».
« C'est un ancien cadre de chez Castel Viandes, licencié en 2008, qui est à l'origine de l'enquête. Directeur de la qualité au sein de la société, il découvre le 1er décembre 2008 que, le samedi précédent, des employées ont été affectés à une opération de vente de steaks avariés », raconte le journal.
« J'avais ordonnée à l'époque que cette viande soit détruite », explique au quotidien Pierre H., l'ancien directeur de la qualité. « Mais j'ai découvert que, dans mon dos, on avait tenté de la commercialiser ». « Quand Pierre H. tente de contester ces pratiques, il est licencié sur le champ », indique encore le journal.
« Pendant des années, j'ai eu peur des représailles, je n'ai pas osé porter plainte, explique l'ancien directeur de la qualité qui a finalement décidé de saisir les services vétérinaires nationaux à la fin de 2012, ce qui a déclenché l'enquête. »
La directrice générale du groupe, Véronique Viol-Lévesques, interrogée vendredi, a vivement récusé ces accusations, les jugeant « choquantes, médisantes, tout ce qu'il y a de plus faux ». « Nous avons affaire à quelqu'un qui, dans le cadre d'une vengeance personnelle, a décidé de détruire l'entreprise quatre ans après avoir été licencié pour insuffisance professionnelle », a-t-elle déclaré.
Selon elle, « un lot destiné à Flunch a été retiré pour un problème qualitatif en 2008, mais il s'agissait d'un retrait de marchandise classique comme il y en a couramment dans l'industrie agroalimentaire ». « Il n'y a jamais eu de plainte de Flunch, qui a continué à travailler avec nous, ni d'autres clients », a également souligné Mme Viol-Lévesques.
Le groupe Castel Viandes a porté plainte le 22 février pour « dénonciation calomnieuse » contre l'ex-cadre, a-t-elle précisé.
Sollicité dans la matinée par l'AFP, le groupe Agapes Restauration, qui appartient au groupe Mulliez et exploite la marque Flunch, n'a pas été disponible dans l'immédiat pour un commentaire.
Selon Le Parisien/Aujourd'hui en France, « le 12 février, une perquisition a eu lieu chez Castel Viandes : 67 gendarmes ont été mobilisés, pilotés par l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclasep) et la brigade nationale vétérinaire ». « Une quantité impressionnante de documents » avait été saisie.