A la veille du Space, la filière du porc était au cœur des attentions lors d'un débat organisé par l'Afja (1) à Rennes. Les intervenants, représentant aussi bien la production, la transformation, l'interprofession ou encore des institutions agricoles, ont présenté leurs solutions pour sortir de la crise que traverse actuellement la filière.
Si un point rassemble tous les intervenants, c'est bien les conséquences de l'embargo russe sur le prix du porc. Guillaume Roué, président d'Inaporc, a expliqué qu'une modification de 2 à 3 % des volumes échangés à l'exportation pouvait engendrer une diminution des prix de 20 à 25 %. De son coté, Paul Rouche, directeur délégué du Syndicat des industriels de la viande (Sniv/SNCP), a analysé la situation par « une offre plus abondante que la demande » sur un marché du porc qu'il qualifie de « complètement libéral ». S'il impute cette offre trop importante à l'embargo russe, il rappelle également les « hausses de productions dans les autres pays européens » qui ont pris de l'avance sur la France.
Les intervenants sont également revenus sur les événements qui secouent actuellement le monde agricole. Si Paul Auffray, président de la Fédération nationale porcine (FNP), « ne jette pas la pierre à Cooperl et Bigard », il ne regrette cependant rien aux actions menées et à la demande de hausse des cours à 1,40 €/kg. Pour lui, « maintenant, la société sait qu'il y a un prix d'équilibre ». Jean-Paul Simier, le directeur des filières alimentaires et agroalimentaires de Bretagne Développement Innovation, a commenté les aides promises par l'Etat. Selon lui, les aides publiques peuvent soulager les éleveurs mais ne résoudront jamais la crise actuelle étant donné l'ampleur des sommes qu'il faudrait allouer aux éleveurs pour compenser la baisse des prix.
Régulation ou restructuration
Face à ce constat, les solutions proposées diffèrent selon les maillons de la filière. Paul Auffray prone la mise en place d'outils de régulation pour sécuriser les revenus des éleveurs. Pour lui, l'avenir des producteurs de porcs passe par la contractualisation. Il cite notamment les exemples qui se mettent actuellement en place entre Herta et Syproporcs et entre d'autres acteurs du secteur. Il évoque également la segmentation des marchés comme une piste pour relancer la filière.
De son côté, Paul Rouche remet en question la taille des exploitations. Pour lui, les autres maillons de la filière ont su se rassembler et continuent à le faire. Il dit s'interroger sur la taille d'un élevage optimum pour gagner en compétitivité. De ce coté, Paul Auffray est intraitable : « Cela fait dix ans qu'on dit qu'il faut gagner de la productivité et baisser les charges et, à chaque fois, on s'est fait confisquer la compétitivité et les marges (par l'amont), donc maintenant on dit stop. »
L'exportation n'a pas dit son dernier mot
L'exportation est également évoqué par les intervenants comme une des solutions à travailler. Jean-Luc Angot, inspecteur général de la santé publique vétérinaire (CGAAER), est revenu sur la plateforme de soutien à l'exportation mise en place par le ministère. Il précise que cet outil doit permettre de gagner des appels d'offres collectifs à l'étranger mais également de faire la promotion de la viande française. Sur ce sujet, il annonce également la mise en place prochaine d'un logo « French Meat Quality » afin d'accentuer l'image de qualité de la viande française à l'international.
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(1) Association française des journalistes agricoles.
A télécharger :
- L'analyse hebdomadaire du Marché du porc breton (14 sept. 2015)
- L'analyse mensuelle du Marché du porc breton (14 sept. 2015)